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La société en crise
Directions syndicales : l’union nationale a du mal à passer
Avec la deuxième semaine de confinement, les grands patrons font tout leur possible pour rouvrir leurs entreprises fermées. Pour faire passer cela dans l’opinion, le gouvernement a cherché sans succès à obtenir le soutien des directions syndicales.
Toute la semaine, des contacts divers se sont multipliés entre les directions des syndicats, des ministres, des syndicats patronaux. Vendredi 27 mars, une visioconférence a même été organisée avec Macron en personne. Mais pour l’instant, cette volonté de les impliquer dans la politique d’union nationale pour le plus grand bien du capital a rencontré une fin de non-recevoir. Non pas que les directions syndicales ne sont pas capables de s’asseoir sur les intérêts des travailleurs pour aider le patronat à remettre en marche la pompe à profits. Mais pour l’instant, elles n’en voient pas l’intérêt. Il faut dire que deux jours avant, le gouvernement avait pris des ordonnances qui constituent une série d’attaques brutales contre les travailleurs, sans même faire semblant d’en débattre avec elles. Et il n’y a rien qui fâche plus un dirigeant syndical que d’être écarté des tapis verts… même virtuels.
Alors pour l’instant les dirigeants syndicaux refusent de cautionner la politique du gouvernement. Même si, au vu des raisons invoquées, on peut tout craindre. Laurent Berger, par exemple, dirigeant de la CFDT, met en avant la nécessité de protéger les salariés pour « assurer la continuité de l’activité », tout en précisant que cela est impossible « sans dialogue social ». Le dirigeant du Medef a bien entendu le message et s’est empressé d’expliquer : « Pour que les entreprises puissent s’adapter […] il faut d’abord réunir le comité social et économique (CSE) et réfléchir à une nouvelle organisation du travail qui protège les salariés ».
Seule la CGT s’oppose pour l’instant à la reprise d’activités jugées non essentielles, tout en réclamant que soit défini ce qui est essentiel ou pas. Et elle a posé un appel à la grève dans la fonction publique pour couvrir ceux qui le voudraient. Même si cela ne semble pas pour l’instant à l’ordre du jour, cet appel est au moins un soutien aux travailleurs qui ne veulent pas subir les nouveaux diktats patronaux sans rien dire.
Dans bien des entreprises, les militants syndicaux se battent aujourd’hui contre le manque de mesures de précautions pour ceux qui travaillent, contre les licenciements des précaires. Bien des travailleurs sentent que, demain, leurs ennemis se préparent à leur faire payer la crise sanitaire et économique. Alors, l’union qui devra se faire sera celle des travailleurs contre les profiteurs et leurs serviteurs.