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- Lutte ouvrière n°2696
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Dans le monde
Autriche : offensive contre le monde du travail
En Autriche, l’expansion de l’épidémie de Covid-19 est, pour l’instant, moins dramatique qu’en France, en Italie ou en Espagne, avec proportionnellement moins de personnes contaminées, et des hôpitaux pas encore saturés.
Ainsi le sentiment dominant est que les mesures prises sont plutôt efficaces et que le système de santé est, globalement, en état de faire face à la crise.
Mais, dans l’immédiat, le plus grand danger qui touche les travailleurs est le chômage. Au cours des deux dernières semaines de mars, il y a eu en effet plus de 170 000 chômeurs supplémentaires, et le chômage a fait un bond de 42 %. Un certain nombre de patrons se débarrassent purement et simplement des travailleurs dont ils n’ont plus besoin. Pour ceux qui sont concernés, cela a des conséquences dramatiques : alors que le chômage partiel est indemnisé par l’État à hauteur de 80, voire 90 % du salaire net, ceux qui se retrouvent au chômage ne reçoivent qu’une allocation de 55 % de l’ancien salaire. Et puis il y a aussi le cas de ces petites entreprises, assez nombreuses, qui n’embauchent leurs salariés qu’à mi-temps et les font travailler le reste du temps au noir, pour faire des économies sur les cotisations sociales. Dans ce cas-là les travailleurs concernés ne touchent que des allocations de chômage correspondant à un demi-salaire et certains d’entre eux ont déjà des difficultés pour payer leur loyer. Pendant ce temps-là les entreprises vont recevoir des milliards d’euros d’aides.
Cela choque de nombreux travailleurs qui ne s’attendaient pas à une telle attitude du patronat dans ce pays plutôt habitué au consensus.
Un autre sujet d’incompréhension et d’inquiétude est que de nombreux salariés doivent, dans bien des secteurs non prioritaires, continuer de travailler. Le syndicat du bâtiment a bien demandé au gouvernement de décréter la fermeture de tous les chantiers jusqu’à Pâques, mais cela a été refusé. Le syndicat s’est alors contenté de négocier quelques règles de sécurité sanitaires minimales, comme le nettoyage des outils ou la consigne voulant que ceux qui dorment dans des baraques de chantier ne soient qu’un seul par chambre. Ce serait bien le minimum, mais rien ne dit que cela sera respecté partout. Il y a pourtant eu quelques débrayages pour protester contre la poursuite de l’activité sans protection suffisante, en particulier dans des entreprises industrielles de la région de Linz. Pour les travailleurs, c’est la seule voie pour défendre leurs moyens d’existence comme pour protéger leur peau.