- Accueil
- Lutte ouvrière n°2695
- Grande distribution : derrière la prime, la réalité
La société en crise
Grande distribution : derrière la prime, la réalité
Après avoir résisté très fortement à verser la prime gilet jaune en 2019 et annoncé une prime de 200 euros, le PDG d’Auchan a pris cette fois-ci les devants et coiffé au poteau le PDG de Carrefour, en annonçant une prime de 1 000 euros net pour l’ensemble des salariés des magasins et des entrepôts.
Le PDG oublie toutefois de préciser dans la lettre qu’il a adressée aux salariés et par voie de presse que la prime sera versée dans le cadre de l’accord d’intéressement de l’entreprise. Elle devrait donc être déduite de la prime d’intéressement que les salariés touchent, ou pas, en fonction des résultats de l’entreprise. L’opération de communication est donc aussi un tour de passe-passe.
Bien sûr, pour les salariés d’Auchan, comme pour ceux de Carrefour et d’autres enseignes, une prime est toujours bienvenue. Mais cela ne leur fera pas oublier ces journées où on leur a demandé de travailler comme d’habitude, et même pire, sans protection aucune : sans masque, sans produit hydroalcoolique, avec la contrainte de manipuler à main nue des produits et du matériel potentiellement contaminés et en étant en contact permanent et rapproché avec la clientèle, en particulier aux caisses.
La prime ne leur fera pas non plus oublier que, dans l’industrie, le transport ou la distribution, les patrons profitent de cette crise du coronavirus pour imposer aux salariés ce qu’ils n’ont pas osé ou réussi à faire avec les lois El Khomri et Macron.
C’est ainsi que les industriels de l’agroalimentaire ont obtenu de faire travailler un jour supplémentaire par semaine. Les transporteurs font depuis peu tourner leurs camions sept jours sur sept, 24 heures sur 24, samedis et dimanches compris. Et dans la grande distribution, les heures supplémentaires, les ouvertures plus tôt le matin et plus tard la nuit ont été assouplies. Et tout cela sans l’embauche du personnel nécessaire.
Mais c’est avec la sueur et la peau des travailleurs que les patrons, avec le soutien du gouvernement, font la guerre. Tout en étant protégés à l’arrière, et en engrangeant des profits exceptionnels.