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- Lutte ouvrière n°2694
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Dans le monde
Italie : la vie des travailleurs avant les profits !
Jeudi 12 mars, des grèves spontanées ont éclaté dans plusieurs entreprises d’Italie et se sont multipliées le lendemain, touchant tout le pays. Les travailleurs ont fait entendre leur colère de se voir traités comme « de la viande d’abattoir ».
Les travailleurs des régions les plus touchées par l’épidémie, comme la Lombardie ou la Vénétie, ont été parmi les premiers à croiser les bras et à refuser de continuer à se mettre en danger pour sortir la production. Ils dénonçaient le manque de moyens pour appliquer les précautions les plus élémentaires, pourtant serinées en boucle par le gouvernement et les médias. Dans beaucoup d’entreprises, même grandes, les travailleurs ont témoigné de l’absence de solution hydroalcoolique, même dans des bâtiments sans sanitaires, de l’absence de masques et de gants. Quant à la distance de sécurité d’un mètre, elle est bien entendu inexistante sur de nombreuses chaînes de production. La colère a donc fini par exploser : « Où est l’urgence, dans une région où on ne sait plus quoi faire des corps des personnes décédées, d’aller s’entasser à 20 cm les uns des autres sur une ligne de production pour fabriquer des composants électriques ? », témoignait ainsi un ouvrier d’une multinationale dont l’usine se trouve en banlieue de Crémone, l’un des foyers les plus virulents du Covid-19.
La multiplication des grèves, ajoutée à l’augmentation du nombre de travailleurs absents, a contraint patronat et gouvernement à réagir. Après qu’un de ses responsables a eu le culot de traiter les travailleurs en grève « d’irresponsables », la Confindustria, le Medef italien, a envoyé ses représentants négocier avec les dirigeants syndicaux et les représentants du gouvernement et un protocole en « Treize points pour la sécurité dans l’entreprise » en est sorti au bout de 18 heures de négociation tout de même !
Tous les participants, dirigeants syndicaux compris, se sont déclarés « très satisfaits » de cet accord qui ne fait pourtant qu’exiger du patronat l’application des consignes les plus évidentes : laisser les travailleurs fiévreux rentrer chez eux, fournir des masques et des gants, etc. Quant à la décision de fermer ou de rester ouvert, elle est laissée à l’appréciation des directions d’entreprise. Or, si certaines, comme Ferrari, ont annoncé leur fermeture pour une période de quinze jours, c’est davantage parce qu’elles y sont contraintes par l’absence de pièces ou de débouchés pour leur production que par souci de la sécurité des salariés.
Pour protéger leur vie et celle de leurs proches, les travailleurs devront continuer à se faire entendre.