Union européenne : il y a de l’argent pour la chasse aux migrants11/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2693.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Union européenne : il y a de l’argent pour la chasse aux migrants

L’Union européenne envisagerait d’accueillir 1 000 à 1 500 enfants migrants non accompagnés, actuellement bloqués sur les îles grecques. En attendant la réalisation hypothétique de cet accueil a minima par des pays européens volontaires, plus de 13 000 migrants se pressent à la frontière gréco-turque.

Ils s’ajoutent aux 40 000 bloqués dans les îles et à ceux, presque aussi nombreux, déjà réfugiés en Grèce continentale.

Le gouvernement grec a décidé de créer un centre fermé dans le Nord, de suspendre les demandes d’asile pour un mois, ainsi que toute aide financière aux personnes ayant déjà obtenu l’asile, sauf les mineurs, et de les obliger à quitter les structures d’accueil. Il a également décidé de renforcer le mur existant au nord et d’en construire un nouveau de 30 km d’ici trois mois. Ces mesures du gouvernement réactionnaire de Mitsotakis encouragent de petits groupes à patrouiller le long de la frontière avec leurs fusils de chasse.

Mais l’Union européenne a beau jeu de protester contre certains excès dans la répression. C’est elle qui veut s’assurer, selon ses propres termes, « que l’ordre soit maintenu à la frontière grecque qui est aussi une frontière européenne ». C’est l’UE qui paye Frontex, l’agence de surveillance des frontières, paraît-il « pour apporter de l’aide en mer et sur terre ».

En fait d’aide, c’est à la chasse aux migrants que les unités navales se consacrent, y compris les gardes-côtes grecs ou turcs collaborant à Frontex. Ils ne font même plus semblant, à quelques exceptions près, de récupérer les réfugiés : ils les chassent. Leurs bateaux, comme le montrent certaines vidéos, tournent à grande vitesse autour des zodiacs des réfugiés, se rapprochent de plus en plus, provoquant des vagues violentes, qui les font fuir dans le meilleur des cas, ou sombrer.

Dans son livre Lesbos, la honte de l’Europe, Jean Ziegler, en mission pour l’ONU, a recensé et dénoncé cette militarisation à outrance, les brutalités de ces troupes, l’inflation du budget de Frontex qui devrait augmenter de 12 milliards d’euros dans les sept ans à venir. Il dénonce aussi les profits faramineux des marchands d’armes qui perfectionnent leurs outils de répression : drones ultraperformants pour détecter de jour comme de nuit, sur terre comme sur mer, les mouvements des migrants, scanners à 1,5 million pièce pour capter les battements de cœur et la quantité d’air respiré dans un camion, mitrailleuses à tir autodéclenché comme celles installées par le gouvernement turc à la frontière syrienne, etc.

Les guerres aux quatre coins du monde, le système économique en crise ne peuvent qu’augmenter le nombre de réfugiés. Les grandes puissances, européennes ou non, se préparent à cette situation en cherchant à parquer ou à éloigner ceux qui ont échappé à la misère et aux massacres dont elles sont responsables.

Partager