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Leur société
La médecine à la peine
Avec le développement de l’épidémie, le rôle des médecins généralistes va devenir encore plus important, ne serait-ce que pour pallier l’incapacité des hôpitaux à accueillir tous les malades.
Mais, vu la situation de la médecine de ville, on peut craindre le pire. Tout manque, les masques, les lunettes ou autres blouses de protection, si bien que les médecins et le personnel qui les assiste pourraient être au premier rang des victimes du virus. Quant aux patients, à qui on recommande déjà de ne pas aller aux Urgences et de voir leur généraliste, encore faut-il en avoir un… car près de 10 % de la population n’a pas de médecin traitant et près d’un médecin sur deux ne prend pas de nouveaux patients.
Dans l’Oise par exemple, un des départements les plus touchés par l’épidémie, le journal Le Parisien parle de « la pire démographie médicale de la région ». Cette situation, liée à la politique de sélection des étudiants en médecine en place depuis 1971 et appelée numerus clausus, a créé de telles difficultés que le gouvernement a décidé l’an dernier de l’assouplir. Mais il faudra encore attendre le temps de former ces nouveaux médecins pendant une dizaine d’années environ, soit bien après la fin de l’épidémie…
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, se vante de favoriser la téléconsultation, qui permet au malade d’être examiné à distance sans venir au cabinet médical et sans prendre le risque d’être contaminé ou de transmettre le virus dans la salle d’attente. Il autorise même la téléconsultation assurée par un autre médecin que celui du parcours de santé. Derrière l’effet d’annonce d’un ministre tout nouveau promu, mais déjà bien au fait de la communication gouvernementale, le vrai problème est que des médecins estiment d’ores et déjà ne pas pouvoir faire un diagnostic complet à distance, surtout pour des patients qui ne leur sont pas habituels. D’autres se disent bien incapables de prendre de nouveaux malades, même à distance, et pour bien des patients, et pas seulement les plus âgés, utiliser des outils comme Internet avec usage d’une caméra relève de la gageure.
Des sociétés comme Doctolib n’en ont pas moins flairé la bonne affaire et proposé à tous les médecins la gratuité pour accéder à leurs services de téléconsultation, le temps de l’épidémie. Doctolib espère que, parmi ses 115 000 médecins clients pour la prise de rendez-vous, beaucoup maintiendront leur adhésion, payante cette fois, à la télémédecine.
Alors, on ne sait pas quel sera le bénéfice exact de la téléconsultation pour permettre de mieux contrôler la diffusion du virus mais, au moins pour Doctolib et d’autres, le bénéfice semble acquis.