Haut-Rhin : le confinement et ses conséquences pour les travailleurs11/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2693.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Haut-Rhin : le confinement et ses conséquences pour les travailleurs

Vendredi 6 mars, suite à l’augmentation rapide du nombre de cas de coronavirus à Mulhouse, la préfecture a annoncé des mesures pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie.

Tous les établissements scolaires du département ont été fermés pour au moins quinze jours, comme les lieux publics (bibliothèques, musées, piscines…) à Mulhouse. Il est demandé à la population de restreindre sa vie sociale.

Ces mesures impliquent aussi que les malades ne sont plus testés au coronavirus, sauf dans les cas graves, et ne sont donc plus forcément repérés ni comptabilisés. Selon la presse, il y avait le 10 mars plusieurs centaines de cas dans le département.

Parmi les dispositions préfectorales, l’une vise à faciliter la garde des enfants : l’employeur a la possibilité de mettre directement en arrêt maladie l’un des parents, sans jour de carence. Si les administrations jouent le jeu, certains patrons privés sont plus réticents. Le personnel hospitalier, lui, n’a pas droit à cette mesure, tant il est indispensable. Et, pour ceux travaillant de l’autre côté de la frontière, en Allemagne ou en Suisse, qui déjà sont regardés comme des dangers ambulants, le problème de faire garder les enfants reste entier.

Dans la population, la nouveauté de la situation, les injonctions contradictoires, les délais de réaction des autorités alimentent l’inquiétude et la méfiance. Par exemple, les employées accueillant les enfants dans le périscolaire et les Atsem (agents territoriaux en maternelle) ont sonné l’alarme dès jeudi 5 mars, ayant été en contact avec de nombreux enfants et avec des collègues malades. On leur a enjoint de continuer de travailler sans protection. Jusqu’à l’annonce soudaine, pour le lendemain soir, de la fermeture totale des écoles.

De nombreux travailleurs, dans la restauration, l’hôtellerie ou le nettoyage, se demandent pourquoi la règle de ne pas rester à plusieurs dans un lieu clos ne vaut pas pour eux, qui n’ont pas les moyens de respecter les règles de prudence préconisées. Un peu partout, la peur est aussi d’être porteur sain : avec l’absence de tests de dépistage, on peut craindre de contaminer sans le savoir des personnes de son entourage, qui peuvent être malades ou fragiles.

Enfin, pendant que ministres et responsables de l’ARS (Agence régionale de santé) répètent que l’hôpital va bien, tout le monde sait combien sa situation est catastrophique, et qu’il n’avait pas besoin de cela pour se trouver au bord de l’implosion. Seuls les malades graves sont hospitalisés ; faute de place, les autres restent chez eux, avec les risques de propagation que cela comporte. À l’hôpital, ils sont éparpillés, pris en charge dans différents services, selon les lits que le personnel a pu libérer. Pour les soignants, même un malade de ce type dans un service est une lourde charge, habillage et déshabillage devant se faire à chaque fois en prenant sur le temps consacré au reste.

Le plus révoltant est peut-être là : même dans cette crise sanitaire, le gouvernement se mobilise pour aider les banques, les entreprises cotées en Bourse, alors que l’urgence évidente est d’injecter des moyens humains, financiers et matériels dans l’hôpital et la santé, au service de toute la population.

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