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Leur société
Coronavirus : grippe capitaliste sur les systèmes de santé
L’épidémie de coronavirus se répand dans le monde. Partout, les gouvernements prennent des mesures de plus en plus drastiques, qui entraînent des pertes importantes y compris pour le patronat.
En fait, il semble bien que les États dans le monde ne réagissent que quand le virus est là et devant l’importance des dégâts qu’il cause. Les autorités chinoises ont la circonstance atténuante d’avoir été surprises par ce virus, qui serait apparu mi-novembre à Wuhan. Dans les premières semaines, le système de santé s’est effondré devant l’afflux des malades graves et la contamination d’une grande partie du personnel soignant. De nombreux patients sont probablement décédés d’autres maladies, dans un contexte où les soins habituels se sont interrompus. L’État a réagi à sa manière, de façon centralisée, autoritaire, mais sans doute finalement efficace, en bloquant l’activité industrielle et la circulation humaine dans une grande partie de la Chine.
La plupart des dirigeants occidentaux ont affirmé que les systèmes de santé de leurs pays étaient parmi les meilleurs et pourraient combattre efficacement le virus. Celui-ci est peut-être en train de démontrer le contraire. Le gouvernement italien n’a pris des mesures énergiques qu’en retard sur la propagation de l’épidémie, alors que la saturation des hôpitaux se faisait sentir, et en particulier le manque de places en soins intensifs et le manque de matériel de réanimation.
À entendre les représentants gouvernementaux, la France serait mieux préparée et aurait le meilleur système de santé du monde. Pourtant, ces derniers mois, il n’était question que des déserts médicaux et d’un système hospitalier « à l’os », à cause de décennies d’économies. Alors, en France comme ailleurs, dans les semaines à venir les cas graves dus au coronavirus risquent d’affluer dans des hôpitaux où il n’y aura pas assez de place en Réanimation. Les médecins vont choisir ceux qu’ils vont soigner en fonction de leur espérance de vie ou, pire, de leur portefeuille, et les autres risquent de mourir dans leur maison de retraite ou sur un brancard aux Urgences.
Le virus Covid-19 est peut-être comparable à celui de la grippe, mais en un peu plus dangereux, et sans qu’il existe un vaccin. Cela risque bien de suffire à déstabiliser le système de santé, ce qui signifie qu’une partie des soins usuels se feront mal ou ne se feront plus.
Paradoxalement, ce virus fera peut-être moins de dégâts dans les pays pauvres, ou plutôt moins de dégâts supplémentaires, car les malades n’y sont de toute façon quasiment pas soignés en temps normal et l’espérance de vie y est beaucoup plus faible. Cela revient à dire qu’une partie de la population des pays les plus riches pourrait revenir pendant quelque temps au niveau de soins qui est celui de bien des pays pauvres. Cela souligne, dans les deux cas, combien les progrès de la médecine sont distribués avec parcimonie dans les systèmes de santé, les rendant incapables de garantir vraiment l’état sanitaire des populations.
L’état du monde est révoltant. Virus et maladie sont mieux connus qu’à aucune autre époque de l’histoire, mais le système économique et politique est un frein qui empêche de tirer parti des connaissances au mieux pour toute l’humanité.