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Burkina Faso : le poison de l’ethnisme
Au moins 43 personnes ont été tuées dimanche 8 mars dans les villages de Dinguila, Barga et Ramdola au Burkina Faso. Ces villages sont situés près de la frontière malienne, dans une région où se concentrent l’activité des groupes djihadistes et les troupes françaises de l’opération Barkhane censées les combattre.
Ce massacre est vraisemblablement l’œuvre d’un groupe dit d’autodéfense qui multiplie les attaques contre les villages peuls. Sous prétexte que des jeunes ont rejoint les djihadistes qui ravagent la région, ces groupes d’autodéfense visent indistinctement toute la population peule, accusée en bloc de fournir un refuge aux djihadistes et de les alimenter en nouvelles recrues.
Le groupe suspecté, les Koglweogo, ou gardiens de la brousse, existe depuis des dizaines d’années. Ses membres étaient présents avant même l’arrivée des djihadistes dans la région et disaient vouloir assurer la sécurité dans les campagnes, arrêter et punir les voleurs. Officiellement intégrés à la police de proximité en 2016, ils n’ont jamais été contrôlés par l’État burkinabé. Ces milliers d’hommes armés se sont vite fait redouter en s’en prenant aux villages qui ne reconnaissaient pas leur autorité et en rendant une justice expéditive. Ils n’hésitaient pas, par exemple, à ligoter de présumés voleurs de moutons à un arbre et à les fouetter avec des branches enflammées jusqu’à ce qu’ils avouent.
Depuis que les groupes armés djihadistes ont commencé à semer la terreur au Burkina Faso après l’avoir fait au Mali, ces milices d’autodéfense se sont donné une autre raison d’être : elles organisent les représailles contre la population peule. Un cycle de violences et de contre-violences ethniques s’est ainsi enclenché, dont les membres des différentes communautés sont les victimes impuissantes. Cette calamité n’est pas réservée au Burkina Faso. Au Mali aussi, les violences perpétrées par différents groupes d’autodéfense sont devenues régulières et font à chaque fois de nombreuses victimes.
Dans cette région totalement déstabilisée, le poison de l’ethnisme s’ajoute ainsi à la terreur djihadiste pour pousser des centaines de milliers d’habitants à fuir loin de chez eux. Et ce n’est pas l’armée française, présente uniquement pour défendre les intérêts de l’impérialisme français en Afrique, qui les protége.