AP-HP : Covid-19, les hôpitaux sur le fil du rasoir11/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2693.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

AP-HP : Covid-19, les hôpitaux sur le fil du rasoir

Depuis la visite de Macron à l’hôpital de la Pitié- Salpêtrière le 27 février, les propos du médecin neurologue qui l’a interpellé ont marqué les esprits du personnel de tous les services.

En particulier, le docteur Salachas a comparé le dénuement budgétaire des hôpitaux aux sommes immédiatement débloquées pour restaurer Notre-Dame et a dit qu’aujourd’hui c’est l’hôpital qui flambe. Mais il a aussi répondu au « Nous comptons sur vous » de Macron par « Linverse reste à prouver », rappelant que tous les pouvoirs politiques qui se sont succédé ont drastiquement réduit les moyens de l’hôpital public.

Il est évident que la capacité des hôpitaux de l’AP-HP à faire face à l’épidémie dépendra de son importance. Ainsi, en fin de semaine, il y a eu une pénurie de gel hydroalcoolique à la Pitié-Salpêtrière, et aux Urgences, dans la nuit du 8 mars, il manquait des masques. À l’hôpital Saint-Antoine, l’approvisionnement en gel est correct mais, dans la plupart des services, il faut courir pour trouver les masques en nombre suffisant. Ce ne sont d’ailleurs pas des masques FFP2, les seuls vraiment aptes à arrêter les virus, car ceux-là ont été mis sous clé. Le magasin a bien augmenté les commandes de masques de soin, mais il ne reçoit plus rien depuis que ce matériel a été réquisitionné. Si rien ne s’aggrave, les stocks peuvent tenir un mois, mais qui peut prévoir ? La conséquence est que, dans les services, tout le monde se restreint pour ne pas se retrouver à manquer.

Les Réanimations, l’Hématologie et le service dédié au Covid-19 ont le matériel nécessaire. Partout ailleurs, il faut demander et courir.

Ce service dédié au Covid-19 vient d’être ouvert en urgence ; il n’a pas d’office, juste une salle possédant un frigidaire et un micro-ondes, ce qui est juste pour réchauffer les plateaux-repas des malades hospitalisés. Il faudra encore une semaine pour que les lits de dépistage soient séparés par un étage des lits d’hospitalisation. Et, dans le service où ils vont être transférés, l’aération nécessaire sera assez difficile à réaliser.

Les malades vraiment infectés de Saint-Antoine sont dirigés à la Pitié-Salpêtrière. Mais cet hôpital déjà en surchauffe va renvoyer à Saint-Antoine des malades ne relevant pas du Covid-19. La surcharge de travail affectera donc les deux hôpitaux.

Le personnel non-soignant voit les informations passer en ordre dispersé. Les entreprises sous-traitantes sont les moins informées. Et l’ensemble du personnel s’interroge sur les contraintes que va entraîner la mise en place du plan Blanc. Jusqu’où pourront-elles aller ?

Un comité central d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) devait se réunir mardi 10 mars pour toute l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Mais, à Saint-Antoine, la direction s’est contentée d’organiser des mini-réunions avec les syndicats pour éviter d’avoir à convoquer un CHSCT. On a entendu cette phrase brillante d’un responsable : « Quand on est soldat, on va au front ! »

Mais, justement, les travailleurs hospitaliers ne sont pas des soldats. Ils sont des soignants, qui réclament depuis des années, et en particulier depuis des mois par leurs luttes, les moyens nécessaires pour que l’hôpital public puisse fonctionner. L’ex-ministre Agnès Buzyn n’a lâché que des sommes insuffisantes pour permettre de véritables embauches. Devant l’urgence créée par le Covid-19, le gouvernement annonce le recours aux heures supplémentaires déplafonnées et aux médecins de ville. C’est-à-dire qu’il demande à ceux qui sont déjà surchargés d’accepter d’en faire encore plus.

En réalité, comme le font les capitalistes devant la crise financière, l’État s’en remet à la chance pour que l’épidémie ne fasse pas rompre toutes les digues de l’hôpital public, mises à mal par des décennies d’austérité.

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