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- Lutte ouvrière n°2687
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Leur société
Le Conseil d’État fait la fine bouche
Le Conseil d’État, organisme composé de hauts fonctionnaires désignés, et donc peuplé d’énarques blanchis au service de l’État et du grand patronat, vient d’émettre un avis défavorable sur le projet de réforme des retraites proposé par Macron. Il conteste même la validité des calculs de l’étude d’impact fournie par le gouvernement.
Cela peut surprendre, venant d’un milieu a priori peu enclin à la défense des intérêts des travailleurs. Mais cette attitude est symptomatique de celle de tout une partie de la bourgeoisie et du grand patronat devant la tournure que prend le quinquennat de Macron.
Bien sûr, le parti de droite Les Républicains fait la fine bouche devant le projet, ne voulant pas avoir l’air d’encenser un concurrent. Mais Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a aussi déclaré à plusieurs reprises que, bien que d’accord avec le gouvernement sur l’objectif, il n’était pas demandeur de cette réforme des retraites. Mieux encore, le journal Les Échos, propriété du milliardaire Bernard Arnault, commanditaire de fait de la campagne électorale de Macron, a publié plusieurs tribunes taxant l’épisode de mauvaise affaire pour le patronat.
Selon l’une de ces tribunes, le coût total de la réforme, obtenu en additionnant ce que le gouvernement a dû céder aux grévistes et ce que le mouvement a coûté au patronat, serait supérieur aux bénéfices que le patronat peut désormais en attendre. Selon l’autre, plus féroce encore, Macron et son équipe ont présenté un projet mal ficelé, étudié à la hâte. Ayant montré leur incompétence, ils seraient désormais trop discrédités pour pouvoir offrir quoi que ce soit à l’économie, c’est-à-dire au grand patronat. Et de conclure que, de ce point de vue, « le quinquennat de Macron est fini » !
Les possédants sont évidemment prêts à encaisser ce qu’une réforme des retraites prendrait aux travailleurs. Mais ils entendent laisser à Macron la responsabilité du larcin. Pour eux, les politiciens sont faits pour servir, s’user et être remplacés. Ils avaient d’ailleurs sélectionné Macron pour remplacer les équipes précédentes, en jouant sur l’illusion du neuf. Mais les politiciens s’usent vite en temps de crise, et d’autant plus vite que les travailleurs relèvent la tête.