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Leur société
Pesticides : champs libres
En dépit des plans gouvernementaux pour en limiter l’usage, la quantité de pesticides utilisés dans le pays a considérablement augmenté, avec encore plus 21 % de ventes en 2018. Et encore, les usages non agricoles ayant chuté de 70 %, cela signifie qu’ils ont d’autant plus grimpé dans l’agriculture.
La ministre de l’Écologie, Élisabeth Borne, a annoncé le 10 janvier qu’elle voulait interdire avant l’été les usages non agricoles des pesticides. Ceux-ci sont nombreux : dans les jardins appartenant à des propriétaires privés, ou les parcs et jardins publics des municipalités, et le long des routes et des voies ferrées.
Mais, en même temps qu’elle parle d’interdire les usages non agricoles, la ministre laisse toute liberté aux usages agricoles, considérablement plus importants. La FNSEA, le principal syndicat des exploitants agricoles, se prononce pour leur maintien. Il réclame un moratoire, afin de ne pas appliquer le décret limitant à quelques mètres près des riverains l’usage des pesticides. Un syndicat local de la FNSEA a même assigné en justice Europe écologie-Les Verts pour… pollution démocratique ! Et, pour le moment, l’État capitule devant la FNSEA et se contente de demander aux propriétaires de jardins, aux municipalités et à la SNCF de se mettre en règle.
En même temps, plusieurs universitaires ont mené des études sur l’efficacité des protections individuelles contre les pesticides, livrées par les fabricants en même temps que les produits. Les études en laboratoire effectuées par les fournisseurs certifient que tout est en ordre. Mais, sur le terrain, il en va souvent autrement : les équipements ne sont pas toujours efficaces, quand ils sont utilisés. Et puis il y a le nettoyage du matériel, souvent sans protection, qui remet les particules en circulation. Et enfin il y a les récoltes, sans la moindre protection, de fruits et légumes traités avec des pesticides et qui contiennent des résidus.
La dangerosité de nombreux pesticides est largement confirmée pour ceux qui s’en servent, en particulier les travailleurs de l’agriculture. Ils provoquent notamment des maladies de Parkinson et des cancers de la prostate. Un véritable contrôle de leur utilisation serait un impératif de santé publique.