SNCF : les grévistes maintiennent la pression07/01/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/01/P6_Manif_4_janvier_Paris_Flandres_austerlitz_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C378%2C4032%2C2646_crop_detail.jpg

dans le mouvement

SNCF : les grévistes maintiennent la pression

Lundi 6 janvier, alors que les grévistes entamaient leur 33e jour de grève, le mouvement tenait bon à la SNCF.

Illustration - les grévistes maintiennent la pression

Non seulement les assemblées générales ont regroupé bien plus de grévistes que la semaine précédente mais elles ont retrouvé quasiment partout la fréquentation d’avant la période des fêtes. Toutes les assemblées ont voté quasiment à l’unanimité la reconduction de la grève, affichant y compris la certitude que celle-ci durerait au moins jusqu’à la fin de la semaine. Les taux de grévistes, s’ils étaient sans doute inférieurs à ce qu’ils étaient au début du mouvement, ont obligé la SNCF à supprimer de nombreux trains, particulièrement sur la banlieue, les TER et les intercités, aboutissant à un service toujours très dégradé alors que la grande majorité des salariés étaient revenus de congés. Et si des cheminots, pour des raisons financières, avaient repris le travail, bon nombre assuraient aux grévistes en tournée ou aux piquets de grève qu’ils s’y remettraient au plus tard le 9 janvier.

Alors que la direction de la SNCF tentait, d’un côté, de faire croire à une reprise inexorable du travail, de l’autre elle avouait le contraire en déplorant que la grève lui coûtait 20 millions d’euros par jour, soit quotidiennement plus de 1 000 euros de perte par gréviste comptabilisé.

Le pouvoir avait espéré que la grève se briserait sur l’écueil des fêtes de fin d’année. C’était en effet une étape difficile, pleine de bûches et d’embûches.

Un premier obstacle était la raréfaction du nombre de grévistes actifs sur les piquets et les assemblées. Mais les grévistes ont su déjouer ce risque d’émiettement du mouvement en regroupant leurs forces, lors de rassemblements, manifestations, assemblées communes interservices ou interprofessionnelles, mêlant cheminots, agents de la RATP à Paris ainsi qu’enseignants ou autres travailleurs en lutte. Dans ces initiatives se sont noués des liens précieux, de solidarité, de fraternité et de combat.

Le pouvoir misait aussi sur l’impopularité d’un mouvement de grève pendant les fêtes. Mais les travailleurs des transports ont pu vérifier que le soutien persistait dans l’opinion ouvrière malgré les difficultés, les vacances retardées et parfois annulées. Et ce soutien est précieux. Les grévistes restent déterminés à lutter, malgré la perte d’un mois de salaire jusqu’à présent, parce qu’ils sont convaincus de le faire non seulement pour eux-mêmes, mais pour l’avenir de toute la société. C’est une conscience de classe qui s’exprime dans de nombreuses interventions de grévistes, la conviction d’appartenir au monde du travail et d’en défendre les intérêts face à la cupidité sans limite des possédants et de leurs hommes de main.

Cette conscience de classe s’exprime par le rejet de toute revendication corporatiste et si nombre de grévistes s’interrogent, ou pestent, sur l’absence de démarrage dans d’autres secteurs, c’est justement parce qu’ils l’attendent impatiemment.

L’annonce de pseudo-négociations le 7 janvier ne suscitait aucune illusion parmi les grévistes et le petit jeu du « je t’aime, moi non plus » entre le gouvernement et les dirigeants de la CFDT et de l’UNSA, guère davantage. À vrai dire, aucun militant n’ose défendre dans les assemblées les positions nationales de bureaucrates hors du mouvement et sans poids dans celui-ci.

En revanche, la détermination des grévistes a été renforcée par l’attitude combative des militants syndicaux, eux-mêmes encouragés par l’intersyndicale CGT, Solidaires, FO, FSU.

Au demeurant, le gouvernement ne laisse guère d’échappatoire à ces confédérations : il ne cache pas son souhait de leur infliger une défaite et, derrière elles, au monde du travail. Ainsi Macron a évoqué au soir du 31 décembre ne chercher un compromis qu’avec « les organisations qui le veulent » en rejetant celles qui appellent à la lutte pour le retrait, les accusant de « mensonges et de manipulations ». En réaction, on a donc vu par exemple Philippe Martinez, le secrétaire de la CGT, appeler « tous les Français à se mettre en grève » et l’intersyndicale à « généraliser la grève », en appelant non pas à une simple journée de grève et de manifestations interprofessionnelles le 9 janvier, mais aussi à « décider de ses suites dès le lendemain » et à une nouvelle journée de manifestations le 11 janvier.

S’il y a évidemment un grand fossé entre un tel appel à généraliser la grève et sa réalisation concrète, il vient néanmoins à l’appui du mouvement. Nombre de grévistes, tout en affichant leur détermination, disent avec lucidité : « Tout seuls, nous ne pourrons pas gagner et imposer le retrait du projet de loi. »

Continuer la bataille signifie non seulement maintenir et renforcer la grève là où elle est déjà installée, à la SNCF et la RATP, mais tenter de l’étendre à d’autres secteurs en multipliant les contacts, les diffusions et prises de parole devant d’autres entreprises, dans les marchés populaires, les centres commerciaux et les zones industrielles. Ce sont autant de graines qui germeront tôt ou tard.

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