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- Lutte ouvrière n°2684
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Editorial
Contre la réforme des retraites, le combat continue !
« Cela ne peut plus durer », s’impatiente le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le secrétaire d’État aux Transports, Djebbari, perd ses nerfs et envoie les CRS contre les piquets de grève. Le gouvernement a du mal à cacher son exaspération face à la mobilisation qui se poursuit. Il avait misé sur l’effritement de la grève à la SNCF et à la RATP, et sur le retournement de l’opinion publique. Peine perdue, la grève tient bon et elle reste populaire.
Les travailleurs ont toutes les raisons de rester mobilisés, car le gouvernement se cramponne à sa réforme. Tous les reculs programmés sont maintenus : la retraite par points, l’âge pivot à 64 ans, la restriction des droits aux pensions de réversion... Le gouvernement dit qu’il pourrait mieux prendre en compte la pénibilité, une rengaine entonnée à chaque réforme des retraites, telle la cuillerée de confiture destinée à faire avaler la pilule amère. Mais c’est ce même gouvernement qui a supprimé en 2017 les postures pénibles ou les vibrations mécaniques comme critères donnant droit à une retraite anticipée, critères qu’il refuse toujours de prendre en compte. Si la réforme Macron s’applique, les ouvriers du bâtiment et des travaux publics, les égoutiers ou encore les déménageurs, usés à 50 ans, devront, pour avoir une retraite à taux plein, attendre d’en avoir 64 !
« Métro, boulot, caveau, non merci ! », scandent justement les manifestants. Comme l’ont parfaitement compris les centaines de milliers de travailleurs qui se sont mobilisés, cette réforme va retarder l’âge de départ à la retraite et diminuer les pensions.
Macron parle, dans ses vœux, d’une réforme qui assure la « solidarité entre générations ». Mais il demande aux grévistes d’accepter que la retraite de leurs enfants soit sacrifiée !
Alors que le gouvernement répète comme un perroquet que le nouveau régime sera « universel », il multiplie les concessions à certaines professions. C’est l’aveu qu’il craint le mouvement, et cela doit encourager à continuer la lutte.
Il a reporté d’autres attaques contre les classes populaires, comme la baisse des APL, et une loi destinée à faciliter l’ouverture des commerces jusqu’à minuit. Ces reports sont à mettre au crédit du mouvement, et l’avenir de ces mesures dépend de l’issue de la lutte sur les retraites.
Pour toutes ces raisons, nombre de travailleurs sont déterminés à assumer l’épreuve de force le temps qu’il faudra. Ce mouvement exprime bien plus qu’une simple opposition à la réforme des retraites. Il affirme les intérêts des travailleurs, une classe sociale qui n’en peut plus de subir la loi de la minorité capitaliste.
Les travailleurs mobilisés sont fiers de représenter les intérêts de ceux qui font tout tourner dans la société. Ils ne supportent plus que leurs droits et leur existence soient sacrifiés à la rapacité des capitalistes. Ces derniers sont repus, à l’image du financier BlackRock. Son patron pour la France, Jean-François Cirelli, qui se félicite d’une réforme qui va accroître l’épargne retraite, et donc ses profits, vient d’être promu par Macron au grade d’officier de la Légion d’honneur ! Quant à Carlos Ghosn, qui peut échapper à la justice parce qu’il est riche et possède quatre passeports et une flopée de résidences secondaires, c’est aussi un représentant de cette classe capitaliste gavée de profits. Et les travailleurs n’acceptent pas non plus de devoir se soumettre à un Delevoye qui, après avoir pondu la réforme, quitte piteusement la scène parce qu’il a fraudé l’État.
Pour que le gouvernement abandonne son projet, il faut que le monde du travail mette toutes ses forces dans la balance. À la SNCF et à la RATP, des travailleurs sont en grève reconductible depuis le 5 décembre. Ils font preuve d’une combativité qu’il faut saluer. Mais, surtout, il ne faut pas les laisser seuls. Il faut des grèves dans d’autres secteurs et des manifestations de masse. L’issue de la lutte dépendra de l’importance de la mobilisation dans les jours et les semaines à venir.
Dans cette société capitaliste, seuls ceux qui luttent peuvent se faire respecter. Dès jeudi 9, nous pouvons montrer que nous refusons toujours cette réforme.
Soyons nombreux en grève. Soyons nombreux dans la rue le 9 et, de nouveau, samedi 11, pour dire notre colère ! Commençons ainsi l’année 2020 sous le signe de la lutte, car elle seule est porteuse d’espoir pour le monde du travail.
bulletins d’entreprise du 6 janvier 2020