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SNCF : des grévistes dé-ter-mi-nés !
Mardi 17 décembre, à la SNCF, la mobilisation des grévistes a été remarquable à plus d’un titre. La participation à la grève, calculée sur l’ensemble du groupe ferroviaire, atteignait, avec 40 % selon la CGT et 32,8 % selon la direction, son plus haut niveau depuis le 5 décembre. Selon la CGT, 80 % des conducteurs étaient en grève, 64 % des contrôleurs, mais aussi près d’un cheminot sur deux au Matériel ou à l’Équipement. 40 % des agents de maîtrise et 25 % des cadres se sont aussi joints au mouvement.
Il est notable que dans des ateliers, comme celui de Châtillon, où seule une minorité était restée gréviste, les cheminots se sont remis en grève de façon unanime mardi 17 et les ateliers étaient vides hormis la présence de certains membres de l’encadrement.
Ainsi, si certains cheminots ont pu reprendre le travail certains jours, au treizième jour de grève aucun n’a quitté le mouvement. Le front de la grève reste intact. Et depuis le début, la circulation des trains reste anémique à l’échelle du territoire.
Mardi 17, la participation aux assemblées est aussi remontée en flèche. De 5 000 participants par jour, la CGT en recensait plus de 10 000, beaucoup combinant la participation à l’assemblée et à la manifestation.
Les assemblées reconduisent systématiquement le mouvement. Toutes les interventions vont dans le sens de la grève, exigeant le retrait du projet. Plusieurs assemblées ont planté leur sapin de Noël, afin de dire que la grève traverserait la période des fêtes si le gouvernement ne reculait pas.
Le 17 décembre, on a vu des cortèges improvisés de grévistes traversant les villes pour rejoindre le départ des manifestations incorporant progressivement des manifestants de différents secteurs, du Transport, de l’Éducation, des Hôpitaux. À Paris, en tête de manifestation un cortège très dynamique de grévistes, hérissé de banderoles de secteurs cheminots ou RATP, chantait et criait à tue-tête.
La présentation du plan de réforme par Philippe le 11 décembre n’a fait que confirmer qu’il s’agissait d’un plan de démolition des retraites. En guise d’universalité, à la SNCF, si ce plan passait, il y aurait six régimes différents de retraites, selon qu’on soit au statut ou contractuel, né avant ou après 1980 pour les sédentaires ou bien après 1985 pour les roulants !
La tentative de division orchestrée par le gouvernement suivant les générations non seulement fait chou blanc mais indigne les grévistes. De la même façon, il n’y a nulle part trace de corporatisme. Les slogans comme « Public-Privé, solidarité ! » sont parmi les plus repris.
Dans de nombreux secteurs, des actions « interpro » ont été organisées. Bien souvent des grévistes interviennent dans d’autres assemblées et leurs interventions sont parmi les plus applaudies. Des tracts sont distribués aux portes d’entreprises voisines. Des prises de parole se déroulent sur des marchés, des places. Toutes ces actions permettent aussi de mesurer le soutien qu’a le mouvement dans la population ouvrière, malgré la gêne.
Les grévistes savent qu’ils sont entrés dans une grève dure et ils l’assument. Mais cette détermination est loin d’être celle des directions syndicales. Laurent Berger pour la CFDT a appelé à la « trêve de Noël » mais il n’avait jamais appelé à la bataille ! La CFDT et l’UNSA cheminots réclament non le retrait mais l’application de la clause dite du « grand-père », donc que la réforme soit appliquée aux nouveaux embauchés. Mais aucun militant n’ose publiquement défendre cette position dans les assemblées de grévistes.
Face à la puissance du mouvement, le gouvernement a lancé ses manœuvres en coulisses. Des négociations avec les syndicats devaient avoir lieu mercredi 18 et jeudi 19. Parallèlement, les directions de la SNCF et de la RATP étaient encouragées à entamer des négociations d’entreprises. Un éditorial du journal Les Échos décrivait ainsi, la tactique gouvernementale : « L’exécutif espère négocier une sortie de crise en négociant des mesures catégorielles avec les syndicats dits réformistes. »
Jusqu’à présent, la CGT tout comme Sud-Rail, appellent à maintenir et amplifier la mobilisation contre la réforme. Mais Il faut noter que la CGT-Cheminots s’indignait, le 12 décembre, que la direction n’ait pas encore tenu ses promesses « de négociations sincères sur les revendications d’entreprise, quelle que soit la durée ou l’issue du conflit sur la réforme des retraites, pour répondre aux cheminot·e·s et améliorer l’ambiance dans l’entreprise ».
À l’opposé de tout corporatisme et des revendications catégorielles, les cheminots, comme tous les grévistes, demandent le retrait total de la réforme des retraites. Le gouvernement veut infliger une nouvelle défaite au monde du travail. S’il y parvenait, les concessions catégorielles ou de « transition » lâchées à la SNCF et à la RATP seraient de toutes façons bien vite reprises.
Dans de nombreuses assemblées, des grévistes ont dit clairement : « Si des syndicats lâchent, nous on continue. » Dans plusieurs endroits, les grévistes ont élu des comités de grève, permettant justement à la fois d’organiser plus efficacement la grève et de la mettre, non pas à la merci d’une intersyndicale et des tractations en coulisse, mais sous leur contrôle.