Retraites : les femmes aussi perdantes que les hommes18/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2681.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

dans le mouvement

Retraites : les femmes aussi perdantes que les hommes

Le gouvernement, à commencer par Édouard Philippe, prétend que les femmes seront les grandes gagnantes du projet de réforme des retraites. La réalité est à l’opposé !

Actuellement, les femmes partent à la retraite plus tard que les hommes, et perçoivent en moyenne 42 % de moins que ceux-ci (25 % si l’on compte les pensions de réversion que certaines touchent au décès de leur mari). Cette situation résulte des salaires inférieurs tout au long de leur vie à ceux des hommes, et d’une plus grande difficulté à cumuler suffisamment de trimestres pour avoir droit à une retraite complète. Les femmes subissent plus souvent le temps partiel, les emplois précaires et les interruptions de carrière, notamment celles qui arrêtent de travailler pour s’occuper de jeunes enfants.

À tout cela, le système à points ne changera rien. La promesse du gouvernement de mettre fin aux pensions inférieures à 1 000 euros ne vaut que pour les carrières complètes, les retraitées n’ayant pas assez cotisé aux yeux du gouvernement continueront à recevoir des pensions de misère.

En ce qui concerne la prise en compte du temps consacré à l’éducation des enfants, le projet comporte une entourloupe. Actuellement, la naissance d’un enfant peut donner droit à la validation de huit trimestres de cotisation dans le privé, et de quatre dans le public. En outre, les parents de trois enfants, père et mère, voient leur pension majorée de 10 % chacun. Dans le nouveau système, c’est la valeur des points qui sera majorée, de 5 % pour le 1er puis le 2e enfant, puis de 7 % pour le 3e. Mais cette majoration ne sera appliquée qu’à l’un des deux parents ; il est donc probable qu’une partie des couples choisira de la faire appliquer à la pension du père, puisque les salaires des hommes sont en moyenne plus élevés. On est loin d’une prise en compte du travail que représente l’éducation des enfants par les femmes au foyer !

Quant aux pensions de réversion, touchées à 88 % par des femmes, on ne pourrait plus les toucher qu’à partir de 62 ans, alors qu’il n’y a pas d’âge minimum dans le système actuel pour les fonctionnaires et qu’il est de 55 ans dans le régime général. Selon la CGT, cela exclura 84 000 femmes âgées de 55 à 62 ans. La réversion sera réservée aux couples encore mariés au décès du conjoint, alors qu’actuellement, dans certains cas, une femme divorcée peut toucher une pension de réversion de son ex-mari.

Enfin, Édouard Philippe a claironné que les pensions de réversion ne pourraient pas être inférieures à 70 % des revenus du couple. C’est encore une tromperie : aujourd’hui, la réversion n’est calculée que sur la base des revenus du conjoint décédé mais, avec le nouveau système, la pension des femmes ayant travaillé sera prise en compte dans le calcul de la réversion, ce qui leur sera défavorable. Par exemple, dans un couple où chacun touchait 1 500 euros de pension, le survivant toucherait une réversion de 600 euros, contre 800 euros dans le système actuel. Quant aux femmes n’ayant pas ou presque pas d’autre revenu que la réversion, 70 % d’une petite pension sera toujours trop peu pour vivre. D’ailleurs, le budget total de la réversion a été maintenu au même niveau, 34 milliards d’euros, preuve qu’aucune mesure n’est prévue contre la pauvreté des retraitées.

Quoi qu’en dise le gouvernement, aucune catégorie de travailleurs ne sortira gagnante de sa réforme, et certainement pas les travailleuses.

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