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- Lutte ouvrière n°2680
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Le 5 décembre et la suite
SNCF : pour le retrait total de la réforme !
À l’échelle nationale, le mouvement de grève reconductible a démarré très fort à la SNCF le 5 décembre. Selon la CGT, 61,4 % des cheminots étaient en grève. La direction, quant à elle, annonçait à l’échelle du groupe public ferroviaire un taux de grévistes, tous collèges confondus, de 55,5 %.
À titre de comparaison, pour le même périmètre, le mouvement de grève perlée de 2018 contre la réforme ferroviaire, était arrivé à 33,9 % de grévistes à son point le plus haut, au démarrage le 3 avril. Il faut remonter loin pour trouver un mouvement de grève aussi massif à la SNCF.
Le 5 décembre, le taux de grévistes était de 65,6 % à l’exécution, mais fait notable, il était de 61,3 % aussi en maîtrise et de 36 % chez les cadres. Les conducteurs étaient en grève à 85,7 %, trois contrôleurs sur quatre étaient en grève, et deux cheminots du Matériel sur trois.
Il s’agit là de chiffres de la direction. Dans la réalité, il était bien difficile de trouver des cheminots à leur poste. Et la direction a eu beau promettre de payer une chambre aux non-grévistes, plutôt que la formule travail + hôtel, c’est plutôt grève + manif qui a eu du succès.
La première réaction des grévistes a souvent été l’étonnement et la fierté. Comme un cheminot de la gare du Nord l’indiquait le lendemain : « Je n’aurais jamais pensé qu’on puisse se retrouver si nombreux en grève après l’échec de 2018. »
La conséquence de cette mobilisation a été une quasi-paralysie du trafic, même dans les TGV et à l’international. Le trafic TER était le plus souvent réduit à quelques cars de substitution. En région parisienne, le trafic banlieue était dérisoire et de toute façon bon nombre de salariés avaient renoncé à l’idée de venir travailler. Comme la grève touchait plusieurs autres secteurs, la vie économique était largement à l’arrêt. Chacun a ainsi pu constater le rôle irremplaçable des travailleurs, ces « invisibles » de la société aux yeux des bourgeois. Les savants dispositifs anti-grève de la direction, n’en déplaise aux réactionnaires de tout poil, ont été ridiculisés par l’importance de la vague gréviste.
Pour la suite, si le taux de grévistes est resté très élevé chez les roulants, il a fléchi ensuite dans des filières de sédentaires, comme dans les ateliers du matériel, pour remonter par exemple pour la journée du 10 décembre. Une fraction des cheminots a choisi tantôt de travailler, tantôt d’être en grève en fonction des temps forts ou pour éviter, par exemple, des décomptes de repos en jours de grève. Mais il s’agit d’une physionomie de grève déjà connue en 1995 où la fraction la plus mobilisée a su, par sa détermination, continuer à entraîner les autres dans la lutte jusqu’à la victoire.
Un objectif est de parvenir à augmenter la participation aux assemblées générales, jusque-là limitée. La CGT recensait 10 000 cheminots en assemblée le 9 au matin, soit un gréviste sur huit. Bien sûr, les difficultés de transport jouent aussi pour les grévistes. Mais ceux qui militent pour renforcer les assemblées générales ont raison : c’est le cœur battant de la grève. Ce n’est pas un hasard si la direction de la SNCF demande à ses directeurs d’établissement de remonter quotidiennement, sur un formulaire, la participation aux assemblées, les interventions et les différents votes. Mais à son grand dam, justement, toutes les assemblées reconduisent la grève à l’unanimité.
La comparaison avec 1995 est souvent évoquée dans les assemblées de grévistes par les plus âgés, non seulement pour l’atmosphère, mais pour l’objectif : tous ensemble, il s’agissait et il s’agit de faire reculer le gouvernement. Il n’y a aucun corporatisme dans la tête des grévistes, mais au contraire la conviction de se battre contre une réforme qui plongera les travailleurs dans la misère. Les cheminots sont à l’affût des informations concernant la mobilisation dans les autres secteurs, dans la jeunesse, mais aussi en particulier dans le privé. Ils savent que, seuls, les travailleurs du transport ne pourront pas infliger un vrai recul au gouvernement.
Des grévistes vont d’une entreprise à l’autre pour y prendre la parole. De nombreuses assemblées ont rédigé des appels à entrer en lutte, qu’ils ont distribués à la porte d’entreprises proches.
L’avenir est bien au « Tous ensemble ! »