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Dans le monde
Liban : les femmes au cœur de la lutte
Au Liban, alors que la classe politique n’arrive toujours pas à s’entendre sur la formation du gouvernement censé remplacer celui que la pression de la rue a poussé à la démission le 22 octobre, les protestations se poursuivent contre ces dirigeants corrompus, tenus pour responsables de la dégradation économique qui touche le pays.
Dans ce mouvement de révolte qui se poursuit, les femmes occupent une place importante et sont souvent à l’initiative des manifestations. Dans le courant novembre, quelques milliers d’entre elles ont aussi manifesté pour réclamer leurs droits spécifiques, car elles subissent encore les conséquences de la façon dont les frontières du Liban et ses institutions ont été mises en place au lendemain de la Première Guerre mondiale par la France, promue alors puissance mandataire.
Pour asseoir leur domination dans cette partie du Levant, les autorités coloniales françaises avaient alors doté le pays d’un système politique confessionnel partageant le pouvoir entre les communautés religieuses. Ce système s’est perpétué depuis, de sorte que les questions de statut personnel sont aussi régies par les règles en vigueur dans les 18 confessions religieuses officiellement reconnues. Ainsi, l’âge légal de mariage pour les filles peut descendre jusqu’à 14 ans dans certaines communautés. La garde des enfants en cas de divorce est généralement confiée au mari ou à la famille du mari. En outre, les femmes ne peuvent pas transmettre leur nationalité à leurs enfants ou à leur mari étrangers.
Les manifestantes ont donc réclamé qu’on en finisse avec ces lois d’un autre âge, qui font partie de ce système confessionnel que la population rejette désormais. Fin novembre, face à la multiplication des tentatives de groupes envoyés par les partis au pouvoir pour intimider les manifestants et attiser le sentiment confessionnel, des marches des « mères des quartiers » ont été organisées dans plusieurs villes. Elles ont réuni des centaines de femmes de confessions différentes voulant protester contre ces tentatives de division et affirmer leur refus de revenir à l’époque de la guerre civile interconfessionnelle, qui a déchiré le pays il y a plus de trente ans.
Depuis le début des mouvements de protestation, la situation ne cesse de se dégrader pour les classes populaires libanaises, qui subissent la multiplication des licenciements et l’amputation des salaires d’un côté, l’augmentation des prix de l’autre. Même si un nouveau gouvernement finit par se mettre en place, le combat contre ces effets désastreux du pouvoir des classes dominantes devra continuer. La lutte des femmes pour leurs droits en fait pleinement partie.