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Le 5 décembre et la suite
Les syndicats et la grève
Si l’ensemble des syndicats de cheminots appelaient à la grève du 5 décembre, c’était avec des préoccupations propres à chacun d’eux.
La CFDT cheminots, par exemple, n’a rejoint la grève du 5 décembre que dans l’idée de la quitter le plus vite possible. Avant même les annonces d’Édouard Philippe, Didier Aubert, secrétaire de cette fédération, expliquait dans une interview au journal Le Monde du 10 décembre : « Si le gouvernement nous accorde la clause du grand-père [mécanisme qui impliquerait que seuls les nouveaux embauchés soient concernés par la réforme], on sort du conflit tout de suite. » On appelle parents indignes ceux qui veulent vivre aisément au détriment de l’avenir de leurs enfants. Il y a aussi des syndicalistes indignes qui en font leur ligne de conduite pour plaire au gouvernement. Mais toutes les assemblées ont d’emblée rejeté cette proposition, tout autant que la clause du « grand frère » (réserver la mesure à ceux nés après telle date) en clamant : « Ni grand frère, ni grand-père, retrait total de la réforme ! »
Mais la direction du mouvement est surtout entre les mains des autres syndicats, CGT, Sud et UNSA. Jusqu’à présent, tous ont poussé à la réussite et à « l’amplification du mouvement ». C’est en particulier la CGT qui a le poids le plus important dans le mouvement. Bon nombre de ses militants ont largement participé à la réussite de la grève, sachant que l’enjeu est décisif pour le monde du travail. Et ils n’ont rien à redouter à s’appuyer sur la détermination des travailleurs et la démocratie ouvrière la plus totale.
Pourtant, avant même le démarrage du mouvement, le secrétaire de la fédération CGT cheminots, Laurent Brun, dans sa lettre aux syndiqués du 22 novembre, insistait sur la nécessité de « participer aux assemblées de syndiqués qui précéderont les assemblées de grévistes » et qui seront le lieu de décisions d’organisation et de décisions politiques, comme le serait « la proposition au nom de la CGT de reconduire ou non la grève ».
Dans plusieurs secteurs de la SNCF, des grévistes ont au contraire choisi de mettre en place un comité de grève, composé de grévistes, syndiqués ou non syndiqués, élus et révocables par les assemblées générales, et chargé de mettre en œuvre les décisions des assemblées en rendant compte quotidiennement à celles-ci de son activité. C’est justement ce fonctionnement démocratique qui permet l’unité des grévistes, et permet de déjouer les manœuvres de division afin que le mouvement aille au bout de ses possibilités, c’est-à-dire suive la volonté des grévistes eux-mêmes.