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Leur société
Soldats morts au Mali : on croit mourir pour la patrie...
Une semaine après la mort des treize soldats français au Mali dans la collision de leurs hélicoptères, la cérémonie d’hommage aux Invalides s’est déroulée selon le scénario bien rodé visant à exalter la communion nationale.
Pour l’occasion, dans la cour des Invalides, les anciens présidents Sarkozy et Hollande se sont prêtés à l’exercice de l’union sacrée, de même que les prétendants au trône comme Marine Le Pen. Mais c’est bien sûr le maître de cérémonie, Macron lui-même, qui s’est taillé le beau rôle, puisque sa position de président de la République lui permet de discourir sans risque d’être interrompu, ou d’être ignoré des médias, sur l’héroïsme, le sens du sacrifice des soldats, le combat contre le terrorisme, la France éternelle. À quelques jours de la grève du 5 décembre, Macron ne pouvait manquer l’occasion d’exploiter politiquement ces décès.
La mort de ces treize soldats donne lieu à une opération politique destinée à faire taire toutes les critiques contre l’intervention militaire française au Sahel. Ainsi, Mélenchon et les députés de La France insoumise, qui se sont pourtant contentés de demander un débat sur le bilan de l’envoi de troupes au Mali, se sont vu reprocher de rompre la concorde nationale. Même si cela n’a pas empêché Mélenchon d’assister à la cérémonie des Invalides. Dernièrement, ce sont des dessins de Charlie hebdo, détournant cinq affiches de recrutement de l’armée de terre avec une pointe d’antimilitarisme, qui ont suscité les foudres de son chef d’état-major.
Cette union nationale, que dirigeants politiques et militaires veulent imposer, sert à masquer les véritables buts des opérations militaires en Afrique qui sont d’y garantir les intérêts de ses industriels, de ses trusts. Comme le résumait l’écrivain Anatole France, contemporain de la Première Guerre mondiale : « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels. » Même si le temps des colonies est terminé, c’est bien une guerre de type colonial que, depuis Hollande en 2013, les troupes françaises mènent au Sahel.
La présence du président malien Ibrahim Boubacar Keïta aux Invalides était bien significative : celui qui est surnommé « Ma famille d’abord » a été réélu à l’été 2018 sous la protection des troupes françaises, alors que la corruption ronge le pays, que son armée rackette la population, que la misère s’approfondit encore. Sa présence aux côtés de Macron est tout un symbole de la réalité de l’intervention française au Sahel. Celle-ci ne défend en rien les intérêts des peuples mais ceux d’une minorité de profiteurs, chefs d’État corrompus et actionnaires d’Areva, de Total et autres capitalistes français.