SNCF : vive la grève !03/12/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/12/P11_Train_de_la_greve_Lupo.01.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : vive la grève !

À l’approche du 5 décembre, le moral n’était pas dans le camp de la direction de la SNCF et du gouvernement. « Le 5 décembre est préparé et mis en scène comme une grande confrontation avec une forme de compte à rebours de la mobilisation, c’est dangereux pour nous tous », s’est par exemple angoissée Aurore Bergé, porte-parole de La République en marche.

Illustration - vive la grève !

Côté trafic, la SNCF ne prévoyait de publier ses prévisions de trafic que le 3 décembre, mais dès le 27 novembre, elle a annoncé que les billets TGV inOui, Ouigo et Intercités étaient fermés à la vente pour les 5, 6, 7 et 8 décembre, sans garantir leur place à ceux qui avaient réservé avant. Et elle recommandait à tous les voyageurs de reporter leur déplacement. Le vice-président de la région Hauts-de-France, chargé des transports, se lamentait : « Du 5 au 9 probablement aucun train ni TER ni TERGV ni TGV ni Eurostar. » Il craignait que ce soit « une des grèves les plus dures qu’on ait jamais vues », prévoyant entre 0 et 5 % de trains roulants car il découvrait que la grève ne concerne pas que les conducteurs et par exemple que les aiguillages n’allaient pas fonctionner.

La SNCF a pourtant déployé son arsenal habituel antigrève, comme de mobiliser une grande partie de ses cadres pour remplacer les grévistes. Mais apparemment, même parmi les cadres traction, elle avait des difficultés à trouver des briseurs de grève. Il lui restait les « pool fac », groupes de conducteurs aptes à la conduite sur différentes lignes, payés 1 000 à 1 500 euros en plus de leur salaire normal pour des contrats de trois ans renouvelables. Les conducteurs sont officiellement prévus pour remplacer au pied levé un autre conducteur, mais sont utilisés depuis 2007 pour remplacer des grévistes, y compris maintenant dans les aiguillages. Mais, malgré l’utilisation de briseurs de grève, la SNCF ne pouvait qu’avouer son impuissance et déclarait vouloir concentrer ses moyens à partir du lundi 9 décembre.

Côté médias et politiciens, pour dénigrer les travailleurs du transport, le service est maximum depuis plusieurs semaines. Tentant de réduire le mouvement de grève interprofessionnel à la défense des régimes spéciaux, des journalistes ont relayé jusqu’à la nausée les mensonges de la Cour des comptes sur les prétendus privilèges des travailleurs du transport. Mais s’ils sont souvent stupéfaits de l’avalanche de mensonges, cela ne fait que renforcer la colère et la détermination des cheminots.

À la réforme des retraites s’ajoutent partout la dégradation des conditions de travail, les salaires insuffisants, les menaces et l’insécurité qui pèsent sur l’avenir de chaque cheminot. L’éclatement dans différents secteurs de mouvements locaux, à partir de la base, ces dernières semaines montre que la pression monte et commence à soulever le couvercle.

L’implication de nombreux militants syndicaux dans la préparation de cette journée a aussi joué un rôle important dans le succès. La question est celle de l’extension du mouvement dans les jours qui suivront et elle dépendra aussi de la dynamique de la grève dans les autres secteurs.

Après avoir longtemps boudé cette journée, l’ensemble des syndicats cheminots y ont appelé, et la plupart à la grève reconductible. Mais cette unité cache un piège et bien des manœuvres possibles. Ainsi, la CFDT cheminots, dont la confédération n’appelait pas à la grève, s’est finalement ralliée à cette journée, mais avec un seul objectif : quitter la barque de la grève le plus tôt possible.

Il est donc vital que, dans tous les secteurs, les travailleurs non seulement se réunissent en assemblées générales, discutent et votent leurs revendications et moyens d’action, mais se dotent aussi de comités de grève. Seuls de tels comités, constitués de grévistes élus et révocables, chargés de mettre en œuvre les décisions des grévistes, pourront déjouer les manœuvres de division du gouvernement et des bureaucraties syndicales.

Partager