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- Lutte ouvrière n°2679
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Editorial
Le 5 décembre et après, : pour les retraites, les salaires et l’emploi, tous ensemble !
Salariés de la métallurgie, de l’automobile, de l’agroalimentaire, de la chimie, du commerce, du nettoyage, de la sécurité, des banques et assurances, cheminots, agents de la RATP et des transports publics, enseignants, si nous ne voulons pas nous retrouver avec un nouveau report de l’âge de la retraite et des pensions encore réduites, il faut agir maintenant.
Et il n’y a pas que le problème de la retraite. Les bas salaires, la précarité, les sous-effectifs, les journées à rallonge, la surveillance et les pressions des chefs… il faut tout mettre sur la table, parce que c’est devenu insupportable. Avec les salaires actuels, il est impossible de voir le bout du tunnel. Entre les crédits pour se loger, l’argent pour payer les études des enfants, les dépenses exceptionnelles qui nous tombent dessus, on ne vit pas, on survit !
Tant que nous ne réagirons pas, le grand patronat et le gouvernement nous feront reculer. Il y a trente ans, avoir un emploi, cela signifiait avoir un CDI à plein temps. La retraite, elle, était à 60 ans, à taux plein avec 37,5 années de cotisations. Aujourd’hui, le gouvernement nous explique que c’est impossible, parce qu’il n’y a pas d’argent.
Mais, en trente ans, les grandes fortunes ont décuplé. En trente ans, les profits des entreprises se sont envolés. La semaine dernière, la firme de luxe LVMH a déboursé 15 milliards d’euros pour acheter le joaillier Tiffany. Et il n’y a pas d’argent ? Quelle sinistre blague !
Il faut prendre l’argent là où il est, dans les coffres des grands actionnaires, pour qu’il serve aux salaires, aux emplois, aux services publics.
Plus il y aura de monde dans la rue, plus le gouvernement sera sous pression. Et il l’est déjà ! Il l’est parce que les cheminots et les agents de la RATP ne se laisseront pas faire et qu’ils sont en mesure de perturber une bonne partie de l’économie, le temps qu’ils décideront. Il l’est aussi parce qu’il craint la généralisation de la colère à l’ensemble du monde ouvrier. Eh bien, il faut y aller !
Le gouvernement cherche à dresser l’opinion contre les cheminots et les agents de la RATP, qui seraient arc-boutés sur leurs régimes spéciaux. Mais, puisqu’il est question de « privilèges », regardons les riches, qui ont celui de ne rien faire de leurs dix doigts et qui vivent en parasitant le travail des autres.
Regardons ceux dont les fortunes dépassent parfois la richesse de certains États, ceux qui ne s’inquiéteront jamais pour leur retraite tant ils nagent dans les millions. Regardons-les, demandons-leur des comptes et ne nous laissons pas diviser entre travailleurs !
Bien sûr, les travailleurs de la SNCF et de la RATP sont en pointe dans ce mouvement, ils ont davantage de traditions de lutte et une force de frappe importante. Mais, seuls, ils ne pourront pas gagner pour tout le monde. Car il s’agit aussi de se faire respecter des grands actionnaires. Alors, en faisant grève dans les grandes entreprises du privé, frappons-les au cœur, c’est-à-dire au portefeuille. Et demain ce sera le Medef qui suppliera Macron de renoncer.
Cette grève va engendrer des difficultés pour tout un chacun. Mais, dans le bras de fer qui commence jeudi 5, toutes les travailleuses, tous les travailleurs ont les mêmes intérêts : que cette grève réussisse, se développe et soit victorieuse. Et c’est possible !
Si les salariés du privé rejoignent ceux du public, nous nous ferons craindre du gouvernement et du grand patronat. Si la grève se poursuit les jours suivants et menace de se transformer en vrai mouvement, oui, nous pouvons les faire reculer.
En 1995, Juppé s’était montré aussi arrogant que Macron l’est aujourd’hui, et il avait dû manger son chapeau face à la détermination des grévistes. Aujourd’hui, nous pouvons en faire autant, si nous reprenons confiance dans notre force.
Beaucoup d’entre nous se méfient des confédérations syndicales et de leurs calculs d’appareils, qui les ont régulièrement conduits à sacrifier les intérêts des travailleurs.
Eh bien, il faut se battre avec la conviction que nous pouvons nous organiser pour contrôler et diriger notre mouvement de façon démocratique. Avec la conviction que nous pouvons décider et agir sans attendre les consignes des confédérations.
Il dépend de chacun d’entre nous de faire du 5 décembre le point de départ d’une large contestation ouvrière. Il dépend de chacun d’entre nous de jouer un rôle actif et de faire en sorte que ce mouvement de grève soit vraiment le nôtre.
Pour réagir et nous opposer aux reculs imposés par le gouvernement ou le grand patronat, nous n’avons que trop attendu. Passons à la contre-offensive !
Bulletins d’entreprise du 2 décembre 2019