Centrafrique : les exactions de l’armée française03/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2679.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : les exactions de l’armée française

Dans un rapport interne divulgué par une organisation humanitaire, l’ONU avoue qu’une enquête menée par ses soins a bafoué les témoignages des femmes de République centrafricaine victimes, en 2015 et 2016, de viols et autres tortures par des soldats originaires du Burundi et du Gabon intervenant dans le cadre d’une de ses missions.

Les auditions des victimes ont été menées dans des conditions humiliantes et l’ADN prélevé, qui aurait pu constituer des preuves, était inutilisable en laboratoire, si bien qu’aucune des 163 dénonciations à l’encontre de militaires n’a abouti à ce jour. Plus du tiers d’entre elles ont même été requalifiées en relations de « fraternisation » avec la population civile.

Quant aux agressions et viols mettant en cause des soldats français dans cette ancienne colonie, classée parmi les plus pauvres du monde, l’ONU ne s’y attarde pas, sous prétexte que l’intervention de ces troupes entre décembre 2013 et octobre 2016, qui a compté jusqu’à 2 500 hommes, n’était pas sous le commandement de l’ONU.

Pourtant, en avril 2015, le quotidien britannique The Guardian avait dévoilé un rapport secret de l’ONU attestant que des enfants d’un camp de réfugiés, souffrant de la faim, avaient été contraints d’avoir des rapports sexuels avec des militaires français en échange de nourriture ou d’un peu d’argent. Le Drian, alors ministre des Armées sous la présidence de Hollande, affirma que, si les faits étaient avérés, il ne mesurerait pas sa colère. Mais les demandes d’associations de protection des droits de l’enfant n’aboutirent pas. Des plaintes pour viol sont elles aussi restées sans suite et, en 2016, un haut fonctionnaire de l’ONU démissionna pour protester contre cette impunité. Les militaires français ont fait l’objet d’une enquête, mais menée en interne par la gendarmerie, et ils ne relèvent que de la justice française, un décret du gouvernement centrafricain paru quelques jours après le début de l’intervention française leur ayant accordé l’immunité sur son territoire.

L’intervention française n’a fait qu’aggraver celle des bandes armées qui ravagent la Centrafrique. Elle a fait du pays un bourbier dans lequel continue de s’enfoncer la mission militaire de l’ONU, encadrée par 300 militaires français restés sur place.

Partager