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- Lutte ouvrière n°2679
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Leur société
5 décembre : la force des travailleurs c’est la grève… et c’est à eux de la diriger !
Au fil des semaines, progressivement, bien des travailleurs ont commencé à voir dans la journée du 5 décembre l’occasion de manifester leur mécontentement. Non seulement sur les retraites, mais contre tout ce qu’ils subissent depuis trop longtemps. Quant aux organisations syndicales elles-mêmes, elle ne sont venues à l’idée de cette journée que peu à peu, et bon gré mal gré.
Au départ, il y a la réussite de la grève des travailleurs de la RATP le 13 septembre. Ce jour-là, l’importance de la mobilisation a paralysé toute la région parisienne, au point que les syndicats, à leur grande surprise, ont dû organiser des suites.
C’est ce qu’a fait la CGT en appelant à un mouvement interprofessionnel pour le 24 septembre. L’UNSA, elle, a appelé à une grève reconductible à partir du 5 décembre à la RATP, avec l’argument que le versement du 13e mois permettrait aux travailleurs des bus et du métro d’affronter une grève reconductible. Puis, la CGT RATP s’est ralliée au 5 décembre, même s’il a fallu attendre le 21 octobre pour qu’elle dépose un préavis de grève reconductible. Comme toujours avec les directions syndicales, même au lendemain d’une journée de grève absolument réussie, les perspectives ne s’éclaircissaient guère.
Finalement, le 16 octobre, les confédérations CGT, Force ouvrière, FSU et Solidaires ont décidé d’appeler à « une première journée de grève interprofessionnelle » le 5 décembre. À partir de ce moment, cette journée prenait une autre signification. Car cela faisait des années que les confédérations syndicales s’employaient à ne pas organiser ensemble une telle journée de grève.
Mais les directions syndicales ont aussi été mises face à des mobilisations spontanées des travailleurs de la SNCF, suivies et reconduites, qui leur ont confirmé la nécessité de faire du 5 décembre une journée de mobilisation exutoire.
Cela a été d’abord le mouvement de retrait suite à l’accident du 16 octobre d’un TER dans les Hauts-de-France. Lancé dans bien des endroits par des militants de base de la CGT, pour dénoncer les conditions de sécurité dans ces trains sans contrôleur, il s’est répandu dans tout le pays pendant plusieurs jours. Et puis, juste après, des grèves se sont succédé dans des centres de maintenance de la SNCF, comme à Châtillon et au Landy en région parisienne, contre des projets de réorganisation de la direction.
Toutes ces mobilisations surprises et contagieuses, témoignant de la profondeur du mécontentement, ont poussé la direction de la CGT-Cheminots à appeler dans la foulée à la grève reconductible dès le 5, rejoignant SUD-Rail et l’UNSA-Ferroviaire.
L’annonce de la journée du 5 décembre est ainsi progressivement entrée en résonance avec le mécontentement existant, non seulement à la SNCF et à la RATP, mais parmi bien des travailleurs du public comme du privé. C’est ainsi qu’une mobilisation importante est devenue prévisible, au point d’inquiéter le gouvernement.
Bien des travailleurs ressentent au fond que ce n’est qu’avec de telles mobilisations d’ensemble qu’on peut changer les choses. Les freins qui empêchent les travailleurs de réagir aux attaques patronales et gouvernementales, comme la peur du chômage ou encore le fait de n’avoir pas confiance, à juste titre, dans les directions syndicales, tout cela pourrait commencer à sauter. Et une journée réussie peut être, pour les travailleurs, l’occasion de prendre conscience de la force qu’ils représentent.
Cela peut être aussi l’occasion pour que les travailleurs prennent en main leurs luttes, démocratiquement, à la base. Pour cela, rien ne vaut les assemblées générales démocratiques rassemblant tous les grévistes, élisant un comité de grève ouvert à tous, syndiqués comme non syndiqués, dont tous les membres soient révocables, et devant rendre compte à l’assemblée générale et à personne d’autre.
Reprendre conscience de sa force, s’habituer à diriger elle-même ses luttes : cela peut être un pas important pour l’ensemble de la classe ouvrière, en vue de tous les combats qu’elle aura à mener contre un système capitaliste acharné à lui faire payer les conséquences de sa crise.