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Leur société
Macron-Baroin : somnifère au congrès des maires
Macron est venu mardi 19 novembre à Paris ouvrir le dernier congrès des maires du mandat 2014-2019. Il a fait assaut d’amabilités pour essayer de faire oublier aux maires les mauvais coups qu’il leur distribue, sans convaincre.
Avant lui, c’est François Baroin, le président de l’Association des maires de France, qui a pris la parole devant plusieurs milliers de maires rassemblés à la porte de Versailles, multipliant les ronds de jambe devant un président de la République dont il lorgne de plus en plus ouvertement la place. Baroin a certes reproché à Macron d’avoir supprimé la taxe d’habitation – « Vous avez supprimé un impôt qui ne vous appartient pas. » Mais le reproche sonne particulièrement faux de la part d’un politicien qui, ministre du Budget sous Sarkozy, a supprimé en son temps la taxe professionnelle.
Le gouvernement justifie la suppression de la taxe d’habitation au nom de la « justice sociale ». Outre le fait qu’entendre Macron parler de justice sociale est aussi convaincant qu’entendre le patron de Total parler d’écologie, les chiffres eux-mêmes contredisent cet argument : compenser le manque à gagner de la suppression de la taxe d’habitation des 20 % de ménages les plus aisés va coûter à l’État 8 milliards d’euros. Quant aux 20 % les plus pauvres, ils étaient déjà exonérés de taxe d’habitation, faute de revenus suffisants. « Dépenser 8 milliards pour les plus riches, et zéro pour les plus pauvres, est une étrange vision de la justice sociale », a fait remarquer un responsable de l’AMF à la tribune.
Quant à la « compensation à l’euro près » du manque à gagner pour les communes, promise la main sur le cœur par le gouvernement, elle ne convainc pas plus les maires. Ils se souviennent que la taxe professionnelle, qui devait elle aussi être compensée à l’euro près, a vu sa compensation diminuer d’année en année, au fil des lois de finances.
Macron s’est beaucoup dépensé, à la tribune, pour montrer à quel point il aimait et respectait les maires et essayer de faire oublier les propos méprisants tenus à leur égard au début du quinquennat. Le mouvement des gilets jaunes est passé par là, et a rappelé au gouvernement qu’il était bien commode d’avoir ce que l’État bourgeois appelle des « corps intermédiaires », c’est-à-dire des personnes chargées de faire tampon entre la population en colère et l’État.
La démagogie ridicule de Macron à la tribune, proclamant : « Je suis le maire de la commune France », n’a convaincu personne, pas plus que ses rodomontades sur le fait d’avoir « stoppé la baisse des dotations aux communes ». Comme si Macron, tout d’abord, n’avait pas été le ministre de l’Économie du gouvernement Hollande qui les a drastiquement baissées de 28 milliards ! Mais surtout, depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement s’est bien gardé de les rétablir au niveau où elles étaient avant 2014. Macron les a gelées et le manque à gagner est exactement le même, chaque année, pour des maires qui, notamment dans les petites communes, ont de plus en plus de mal à boucler leurs budgets, avec les conséquences que l’on sait pour les services à la population, l’ouverture et l’entretien des écoles…
L’interminable enchaînement de platitudes débité par Macron a eu raison de maires qui ont fini par s’en aller, l’un d’eux résumant le sentiment de bien des élus de petites communes : « Mais quel charlot ! » Derrière la laborieuse démagogie du président des riches à l’égard des maires, c’est son mépris envers la population qui s’exprime.