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SNCF : Champagne-Ardenne
Mercredi 16 octobre, en milieu d’après-midi, un TER avec 70 personnes à bord est entré en collision avec un transport exceptionnel agricole présent sur le passage à niveau de Saint-Pierre-sur-Vence.
Sur un tronçon à 140 km/h, le conducteur n’a pu voir le convoi qu’au dernier moment et le freinage d’urgence n’a pu éviter le choc et le déraillement. Le conducteur a subi des lésions et est aujourd’hui en arrêt. Il a dû casser une vitre pour sortir de la cabine et ne pouvait prévenir les passagers car la radio était inopérante. De même, le système d’alerte lumineuse était inutilisable.
Faute d’un second cheminot à bord, en raison de la suppression des contrôleurs dans les TER, mise en œuvre par la SNCF sous le nom d’EAS (équipement à agent seul), le conducteur s’est retrouvé seul à gérer l’accident.
Le risque imminent était le suraccident, causé par un train venant dans l’autre sens. Avec courage et sang-froid, le conducteur a parcouru plus d’un kilomètre, utilisant torches et pétards. Et fort heureusement, les caténaires ayant été arrachées dans l’accident, l’alimentation électrique était coupée. Le train croiseur qui arrivait ne s’est arrêté qu’à 3 000 mètres du lieu de l’accident. La catastrophe a été évitée de justesse.
Le conducteur ne pouvait évidemment dans le même temps s’occuper des passagers. Parmi les dix blessés, certains l’ont été en tentant d’évacuer seuls la rame, sans information ni secours, par une fenêtre brisée, là encore faute d’agent susceptible de les aider.
La direction n’a pas daigné prévenir de l’accident les cheminots de la région. Mais dès mercredi soir, les conducteurs et contrôleurs de Charleville-Mézières puis de Reims et de Champagne-Ardenne ont spontanément exprimé leur colère en refusant de continuer à travailler dans de telles conditions, rapidement soutenus par les militants syndicaux. Ce mouvement s’est ensuite propagé à différentes régions du pays, montrant l’exaspération de nombreux cheminots face à l’irresponsabilité de la direction de la SNCF. À de nombreuses reprises, les cheminots de la région avaient dénoncé et combattu, y compris par la grève, l’équipement à agent seul et les risques que cela fait courir, en particulier en cas d’accident.
Tout le week-end, l’émotion était forte chez les cheminots à Reims, comme à Châlons, Charleville et Chalindrey. Lundi 21, à Reims, 40 mécanos exerçaient encore leur droit de retrait, malgré les pressions individuelles de la direction et les mises en demeure.