États-Unis : c’est le système qu’il faut destituer02/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2670.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : c’est le système qu’il faut destituer

À propos de la procédure de destitution engagée contre Trump, nous publions ci-dessous la traduction du dernier éditorial de The Spark, organisation trotskyste américaine.

Il semble bien que les démocrates de la Chambre des représentants avancent vers la destitution de Donald Trump.

Après avoir attendu pendant deux ans le rapport du procureur spécial Muller sur l’implication de la Russie dans l’élection de Trump et l’avoir épluché pendant des mois, les démocrates ont reçu en paquet cadeau de quoi destituer Trump, et cela des mains de Trump lui-même. Il s’agit de la transcription d’un appel téléphonique passé au président ukrainien, au cours duquel Trump demande très clairement une enquête ukrainienne contre un politicien rival, Joe Biden, le favori de la primaire démocrate. Trump a demandé cette aide pour les élections de 2020, en échange de quoi il livrera l’aide militaire promise qu’il a délibérément bloquée.

En clair, Trump a utilisé sa charge de président et a mené une politique étrangère au nom des États-Unis, uniquement dans son intérêt personnel.

La plainte d’un lanceur d’alerte qui a révélé cet appel téléphonique met en cause un certain nombre d’autres responsables du gouvernement qui ont fait pression sur l’Ukraine et qui ont dissimulé cette manœuvre. Rudy Giuliani, l’avocat personnel de Trump, a fait des allers et retours en Ukraine pour discuter de Joe Biden avec le président ukrainien — chose qu’il a volontiers admise à la télévision !

D’après le lanceur d’alerte, immédiatement après le coup de téléphone, des conseillers juridiques et d’autres proches du président se sont rendu compte qu’il avait franchi la ligne rouge, violé la Constitution et enfreint la loi, et ils ont essayé d’enterrer cet appel en insérant sa transcription dans un fichier informatique top secret. Le procureur général, William Barr, cité dans la plainte, a refusé pendant plus d’un mois de la divulguer.

Pour les représentants de la classe dominante, tout cela va peut-être trop loin. Ils s’attendent bien sûr à ce que des intérêts privés ne soient pas absents – après tout, c’est le capitalisme, qui est basé sur le vol – mais le président est supposé agir à leur service, et pas transformer sa fonction en machine à sous personnelle. Les 400 millions de dollars d’aide militaire à l’Ukraine sont censés profiter à l’ensemble de la classe dominante, en liant l’Ukraine plus fermement à l’Occident et à ses intérêts financiers. En bloquant cette aide pour s’en servir à titre purement personnel, Trump remet tout cela en cause. Sans oublier qu’ils souhaitent que les élections aient une apparence de légitimité, largement contestable avec ces interférences manifestes dans les prochaines élections.

La corruption manifeste de Trump et ses arrangements privés menacent d’écailler le vernis démocratique du système et de l’exposer tout nu aux yeux de tous. Les démocrates et d’autres essayent frénétiquement de le rapetasser pour « rétablir la dignité de la fonction ».

Ainsi, devant une telle évidence, Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, ainsi que d’autres politiciens et d’autres experts ont changé d’avis et exigé que la procédure de destitution soit lancée immédiatement. [...]

Oui, Trump est corrompu. Alors, qu’on le destitue. Mais ensuite ? Quel que soit celui qui le remplacera, il sera à la tête du système qui l’a engendré. Ce système et ses représentants, même les meilleurs, agissent contre la classe ouvrière. Pendant la présidence d’Obama, les expulsions, la guerre, les emprisonnements, les attaques racistes et les attaques contre notre niveau de vie ont continué et se sont même développés.

Les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière se dégradent depuis quarante ans, sous les gouvernements républicains et sous les gouvernements démocrates. Pour la classe ouvrière, le président et les autres gouvernants ne sont que l’un des symptômes du problème. C’est le système lui-même qui est le problème. [...]

Destituer ou pas Trump, ce sera le seul sujet traité par les médias. Mais les problèmes des travailleurs ont commencé bien avant ­Trump, et ils continueront après Trump, surtout si nous nous en remettons à d’autres politiciens pour les résoudre.

Les travailleurs n’ont pas les moyens d’attendre. Notre combat commence aujourd’hui.

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