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- Lutte ouvrière n°2669
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Leur société
PMA pour toutes : les punaises de sacristie s’accrochent
La loi sur la bioéthique est entrée en discussion à l’Assemblée nationale mardi 24 septembre. Elle comprend entre autres le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, vivant en couple hétérosexuel ou homosexuel ou vivant seules. La PMA était jusque-là réservée aux couples hétérosexuels frappés d’infertilité.
Au-delà du jeu politicien bien rodé où macronistes, voulant afficher leur progressisme, et passéistes s’opposent sur un terrain sociétal d’autant plus volontiers qu’il ne peut en aucun cas remettre en cause les intérêts des possédants, ce débat une fois de plus ramène à la surface les préjugés les plus éculés. Les opposants à la PMA pour toutes se recrutent dans les mêmes milieux que les opposants au mariage homosexuel et, avant eux, les opposants au droit à la contraception et à l’IVG, à l’éducation sexuelle, à l’égalité entre filles et garçons, etc. Les évêchés, les sacristies, la droite des beaux quartiers et des écoles privées, les culs-bénis de toute obédience, l’Académie de médecine, ont donc donné de la voix.
Tous ces gens prétendent se battre pour défendre les enfants, pour empêcher que naissent des bambins sans père, sans filiation, sans repère. Il naît 700 000 enfants chaque année dans ce pays, la PMA « sans père » représenterait peut-être 2 000 naissances, et ce sont celles-là seules qui font descendre les cagots dans la rue. Ils tolèrent en revanche un système social qui fait que 20 % des enfants vivent dans la pauvreté, que des millions de mères célibataires éprouvent les plus grandes difficultés à survivre, que des milliers, des dizaines de milliers peut-être de femmes battues et leurs enfants ne peuvent quitter le domicile conjugal faute d’hébergement. Ces moralistes à l’eau bénite sont les descendants des bourgeois de la Belle époque, lorsque Madame licenciait pour immoralité la bonne bretonne enceinte des œuvres de Monsieur.
La famille telle que la décrivent les adversaires de tout progrès dans les mœurs, papa, maman et les enfants, n’a jamais existé que dans leurs manuels de morale ou d’éducation civique. Elle correspond aux rapports de propriété et d’héritage institués par la bourgeoisie, mais certainement pas à son comportement. L’adultère est en effet le pendant du mariage bourgeois, comme en témoigne toute la littérature ; l’ascension sociale passe par les alcôves, et pas seulement dans les romans.
Dans sa longue histoire, l’humanité a connu bien des formes sociales et bien des organisations familiales. Elle a aussi connu, et c’est heureux, nombre de progrès scientifiques et médicaux. À quel titre en priverait-on les femmes qui veulent porter et élever un enfant seules ou en couple homosexuel ? D’autant que la vie, bonne ou mauvaise, fait que c’est déjà le cas de millions de femmes.
Il n’y a pas de forme de famille naturelle, pas plus qu’il n’y en a d’idéale, et l’important n’est pas tellement de savoir comment on fait les enfants que comment on les élève. L’éducation des jeunes doit être l’affaire de la société tout entière, et pas seulement celle de leurs géniteurs dans le cadre de la famille restreinte d’aujourd’hui. C’est heureusement en grande partie le cas, et les prétentions moralisatrices des réactionnaires quant au bien des enfants, qui nécessiterait une forme spécifique de famille, sont ridicules. Une société débarrassée de la propriété privée en finira aussi avec la famille bourgeoise, le pouvoir d’un individu sur un autre, celui de l’homme sur la femme, du géniteur sur la progéniture, et éduquera collectivement tous ses enfants. Les sinistres débats d’aujourd’hui seront alors oubliés depuis longtemps.