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Guadeloupe : un gros planteur cherche à se venger
Le gros planteur Tino Dambas a porté plainte pour diffamation contre Jean-Marie Nomertin, ancien travailleur de la banane, porte-parole de Combat ouvrier en Guadeloupe et secrétaire général de la CGTG (Confédération générale des travailleurs de Guadeloupe).
Lors de réunions publiques des travailleurs agricoles, Jean-Marie Nomertin avait fait allusion à un ouvrier de la plantation de Dambas, décédé d’un cancer à 64 ans, rappelant que, deux ans auparavant, cet ouvrier avait dit à Dambas : « Je ne peux plus porter les régimes de bananes, retire-moi de là. » Loin de placer ce travailleur sur un autre poste, Dambas l’avait contraint à transporter par jour 150 régimes de bananes pesant chacun 80 kg. Il était mort quelques jours après avoir quitté la plantation.
Le 12 avril dernier a eu lieu le procès à Basse-Terre en première instance. Nomertin et ses camarades avaient décidé d’y dénoncer les pratiques des planteurs contre les ouvriers. Une trentaine d’ouvriers agricoles y ont assisté et huit d’entre eux, travaillant chez Dambas, ont témoigné. Le récit qu’ils ont fait de leurs conditions de travail était révoltant.
L’avocat général a déclaré avoir « vainement cherché une diffamation ». Cela n’a pas empêché le juge de condamner Nomertin à 5 000 euros d’amende avec sursis, 2 000 euros de dédommagement et 1 000 euros de frais de justice. Il a fait appel et le nouveau procès aura lieu le 1er octobre à Basse-Terre.
En fait, Tino Dambas cherche à se venger de la grève générale victorieuse de 2017 dans les plantations. Il a licencié la majorité des travailleurs grévistes et ose réclamer devant les Prud’hommes 60 000 euros de dédommagement pour fait de grève ! Il cherche à briser le syndicat CGTG des ouvriers agricoles dont Nomertin a longtemps été le secrétaire général. Il a même déposé une seconde plainte en diffamation contre Nomertin pour avoir repris, comme beaucoup le font, son surnom d’« esclavagiste noir ».
Le procès en appel sera une nouvelle occasion pour les travailleurs de dénoncer l’exploitation féroce qui est leur lot quotidien. La CGTG organise une conférence de presse vendredi 27 septembre à son siège et appelle à la mobilisation devant le palais de justice de Basse-Terre le jour du procès, mardi 1er octobre à partir de 7 heures du matin.
De son côté, Combat ouvrier organise une réunion publique vendredi 27 septembre à 19 heures à Pointe-à-Pitre « contre la répression et la dictature des patrons du privé et des administrations sur les travailleurs ! », « pour soutenir Jean-Marie Nomertin et dénoncer les méthodes de Tino Dambas ». Il organise aussi une conférence de presse lundi 30 septembre à 10 h 30 et appelle au rassemblement du 1er octobre.