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Leur société
Retraites : hold-up programmé
Le gouvernement veut imposer son projet de réforme du système des retraites d’ici l’été prochain. S’il y parvenait, cela signifierait d’une part un recul supplémentaire de l’âge de départ en retraite et d’autre part une amputation nette du niveau de vie des retraités du privé comme du public.
Le rapport Delevoye qui sert de support à cette réforme prévoit tout d’abord l’instauration de la retraite par points et le calcul de la pension, non plus sur les 25 meilleures années (ou les six derniers mois dans la fonction publique et les régimes spéciaux), mais sur l’ensemble de la carrière.
Les conséquences en seraient catastrophiques. Le journal Capital a réalisé quelques simulations. Même avec une carrière pleine et un départ à 64 ans, donc plus tard qu’aujourd’hui, un travailleur du privé au smic tout au long de sa vie verra sa pension nette mensuelle passer de 965 à 843 euros, une perte de 122 euros. Un travailleur à 1,5 smic perdrait 184 euros par mois et ne gagnerait plus que 1 274 euros par mois. À 2,5 smic, la perte serait de 247 euros.
Et il s’agit là de travailleurs ayant effectué une carrière complète ! Le nouveau système pénalisera encore davantage tous ceux qui ont eu, et ils sont de plus en plus nombreux, une carrière morcelée par la maladie, le temps partiel, le chômage et l’interruption pour élever des enfants. Les femmes seront particulièrement pénalisées. Ainsi en moyenne, si le salaire moyen d’une femme est de 74,3 % de celui d’un homme, une femme née dans les années 1950 et 1960 n’a perçu sur l’ensemble de sa carrière que 58 % du total des salaires d’un homme. La pension basée sur la carrière complète amputera encore davantage leur pension.
Concernant les régimes spéciaux et la fonction publique, la CGT Ratp a par exemple calculé qu’un agent tertiaire à la RATP dont le salaire brut est en fin de carrière de 2 787 euros obtient une pension de 2 090 euros par mois. Dans le futur régime où l’ensemble de la carrière sera pris en compte, le calcul se fera sur une rémunération de 2 426 euros brut, ce qui amènera à toucher une pension de 1 572 euros, soit une baisse de plus de 25 %.
De plus, le principe des retraites par points permettra aux gouvernements d’ajuster la valeur du point en fonction de la situation économique et démographique. Cela signifie une baisse automatique des pensions, en cas de hausse du chômage, de krach boursier ou tout autre prétexte.
L’autre volet de l’attaque concerne le recul de l’âge de départ effectif en retraite.
Quel que soit le moyen, décote jusqu’à l’âge pivot de 64 ans ou allongement de la durée de cotisation, des millions de travailleurs, ceux qui ont encore un emploi, verraient à nouveau s’éloigner l’horizon de la retraite et l’espoir de souffler un peu après une vie de boulot. Et pour tous les autres, car près d’un travailleur sur deux âgé de 55 à 64 ans est sans emploi, la bourgeoisie prévoit d’amputer encore davantage le montant de la retraite.
Face à ces nouvelles attaques, il n’y a pas d’autre alternative que de riposter.