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États-Unis : Trump contre des travailleurs immigrés
Mercredi 7 août, le jour même où Trump allait à El Paso pour tenter de rencontrer des victimes ayant survécu à la tuerie antimigrants quelques jours auparavant, son administration organisait une descente de police spectaculaire contre des travailleurs immigrés dans l’État du Mississipi.
680 travailleurs de l’agroalimentaire ont ainsi été arrêtés. Le seul crime qui leur est reproché est d’être, peut-être, des travailleurs illégaux. La police est arrivée dans les usines de cinq villes, essentiellement des usines du secteur de la volaille, les menottes prêtes pour ratisser large. Les autorités ont annoncé qu’elles avaient fini par libérer près de 300 personnes, un peu moins de la moitié de celles arrêtées. Mais au moins deux des usines concernées par les rafles ne pouvaient plus assurer leur production. L’une d’elles, PH Food, a été complètement arrêtée car près des trois quarts des employés avaient été interpellés.
La chaîne de télévision locale a retransmis des images d’enfants en pleurs au retour de l’école, apprenant que leurs parents avaient été arrêtés. Et plusieurs ont dû passer la nuit dans un gymnase. Cela a paraît-il, et on l’imagine aisément, choqué beaucoup de gens. Trump, lui, s’est félicité de l’opération en disant qu’il faut que « les gens sachent que, s’ils viennent aux États-Unis illégalement, ils vont repartir ». Il a ajouté : « Cela sert de dissuasion efficace. Lorsque les gens voient ce qu’ils ont vu [mercredi], ils savent qu’ils ne vont pas rester. »
En pleine campagne pour sa réélection en tant que président des États-Unis – les élections auront lieu en 2020 – Trump joue la carte de la démagogie anti-immigrés la plus débridée. Il a déclaré qu’il en expulserait des millions et prétend transformer les frontières des États-Unis en remparts infranchissables, au nord comme au sud. Son exubérance haineuse est faite pour plaire à l’électorat le plus à droite, pour attiser les tensions et diviser les travailleurs. Il jette de l’huile sur le feu en pensant que cela lui rapportera électoralement.
Les politiciens comme lui, qui sont de plus en plus nombreux en Amérique comme en Europe, font le calcul que des travailleurs résignés et démoralisés seront d’autant plus enclins à se tourner contre plus pauvres qu’eux. Mais la lutte de classe est une réalité bien plus fondamentale que toute leur démagogie. Et c’est peut-être même une provocation de Trump qui, par l’émotion qu’elle suscitera, provoquera la réaction des travailleurs des États-Unis, quelle que soit leur origine, pour défendre leurs intérêts d’exploités.