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Notre-Dame : les risques d’une intoxication au plomb
Le chantier de Notre-Dame de Paris a été suspendu jusqu’au 12 août par la préfecture d’Île-de-France, par mesure de précaution pour les salariés travaillant sur le site. Il était plus que temps.
Cette préoccupation soudaine pour la santé des 70 travailleurs du site n’est certainement pas étrangère à l’action que mènent depuis plusieurs mois des associations de défense de l’environnement ou de santé. L’association Robin des bois a d’ailleurs porté plainte, vendredi 26 juillet, devant le tribunal de grande instance de Paris, pour mise en danger de la vie d’autrui.
Lors de l’incendie de Notre-Dame, plus de 400 tonnes de plomb, provenant de la fameuse flèche de la cathédrale qui a fondu, se sont répandues au sol et dans l’atmosphère, principalement aux alentours immédiats, mais des particules de plomb se sont aussi disséminées sur des kilomètres à la ronde, en particulier dans l’ouest de Paris.
Les taux retrouvés sur le parvis de Notre-Dame sont montés jusqu’à 500 000 microgrammes par mètre carré (µg/m2). Plus loin, de l’autre côté du bras sud de la Seine, autour de la fontaine Saint-Michel, place très fréquentée en période touristique, on a retrouvé 20 000 µg/m2. Ces taux sont très au-dessus de la valeur environnementale de 5 000 µg/m² retenue par l’ARS (l’Agence régionale de santé) pour caractériser la normalité parisienne.
L’intoxication au plomb peut provoquer chez les très jeunes enfants le saturnisme, une dégénérescence du cerveau, et chez les adultes des cancers ou des troubles de la reproduction.
Jusqu’à présent, pour l’ARS et la mairie de Paris, il était inutile de s’inquiéter. Rien n’avait véritablement été fait pour les travailleurs qui nettoyaient le parvis de Notre-Dame. Il y a encore quelques semaines, certains ne portaient même pas de masque. Aujourd’hui, le préfet affirme que le chantier va pouvoir reprendre progressivement avec la mise en place d’unités de décontamination. Aucune mesure n’a été prise pour les pompiers qui sont intervenus sur le site, ni pour les balayeurs ou les bouquinistes qui travaillent aux alentours de Notre-Dame. La mairie de Paris conseille maintenant aux riverains de se faire dépister, c’est-à-dire de vérifier le taux de plomb dans leur sang.
Les associations comme Robin des bois et l’exposition médiatique du chantier de Notre-Dame ont mis en lumière l’absence de sécurité pour les travailleurs et les riverains de Notre-Dame. Mais quand il s’agit de chantiers qui sont beaucoup moins sous le feu des projecteurs, c’est bien pire.