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- Lutte ouvrière n°2661
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Dans les entreprises
Cristallerie d’Arc : une campagne propatronale
Fin juillet, le quotidien régional La Voix du Nord a consacré un dossier à la verrerie installée à Arques, dans le Pas-de-Calais. Cette entreprise leader mondial des arts de la table fait partie des dix plus grands sites industriels de France, avec aujourd’hui un peu moins de 5 000 salariés (contre 12 000 il y a encore quelques années).
Ce dossier a été l’occasion de marteler le discours patronal qui vise à justifier auprès des travailleurs les attaques qu’ils subissent depuis des années : gel des salaires, suppression de centaines de postes, dégradation des conditions de travail, heures voire jours supplémentaires de travail, en particulier pour ceux travaillant en équipe, jusqu’à la mesquine suppression du café gratuit quotidien.
Les journalistes ont interviewé différents acteurs, mais les sons de cloche sont les mêmes : la situation actuelle serait due à de mauvais choix du passé, en particulier ceux de l’ancien propriétaire historique : la famille Durand. L’autre couplet qui revient porte sur les ouvriers qui ont été courageux d’accepter des sacrifices pour sauver l’entreprise, présentée comme un bien commun. Un bien commun ? Dans cette usine, combien de travailleurs ont été licenciés pour inaptitude après que le travail leur a démoli la santé ? Combien d’ouvriers ont manipulé des produits dangereux, respiré des produits toxiques, avec des salaires réputés dans la région pour être particulièrement bas ?
Que ce soit dans les périodes de croissance ou de crise, les actionnaires de l’usine ont fait des choix. Certains, comme les journalistes et les directeurs, aimeraient que les travailleurs de l’usine se sentent solidaires des préoccupations patronales. Mais, année après année, deux choses n’ont jamais changé : les patrons ont toujours fait le choix de faire payer aux travailleurs leurs prétendues erreurs stratégiques ; et à chaque fois les actionnaires ont bénéficié d’une perfusion permanente et massive d’argent public. La dernière en date a été les 60 millions d’euros avancés par l’agglomération, la région et l’État.
Ces journalistes présentent l’entreprise comme en crise depuis quinze ans. Mais qui peut sérieusement croire que, dans cette économie de requins, des actionnaires à la recherche du profit maximum aient pu accepter de perdre de l’argent pendant tout ce temps ? Par exemple, en 2014, quand la famille Durand a revendu la majorité de ses parts, elle faisait partie des 200 familles les plus riches du pays.