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Leur société
Retraites : les attaques continuent
Delevoye, cet ancien ministre de droite rallié à Macron, devait dévoiler son plan de retraites à points jeudi 18 juillet. Sous couvert de simplification et d’égalité, c’est une attaque de plus programmée contre les travailleurs et le niveau de vie des futurs retraités.
Désormais chacun serait censé accumuler son « capital » de points, dont la valeur serait susceptible de varier en fonction du rapport entre actifs et retraités. Il serait donc quasi impossible de savoir à l’avance ce qu’on touchera à la retraite, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui .
Cette individualisation de la retraite est un des aspects le plus important du plan d’attaque du gouvernement. Les retraites sont déjà largement personnalisées mais, là, il s’agit d’un cran supplémentaire dans une individualisation qui contribue à atomiser le camp ouvrier. Comme si chaque travailleur avait un intérêt individuel particulier, alors qu’il s’agit d’une lutte de classe pour la retraite, comme pour les salaires ou pour le temps de travail. Et c’est toujours en mettant en avant des solutions collectives que les travailleurs ont réussi à faire reculer le grand patronat, en imposant un salaire minimum pour tous, ou un temps de travail maximum pour tous. Et la politique patronale a toujours été de briser ce front à coup d’exceptions.
Le projet devrait aussi faire disparaître les régimes spéciaux, ceux de la fonction publique ou de catégories ayant des conditions plus favorables, le plus souvent en raison de leur pénibilité.
Le gouvernement s’attaquerait aussi aux pensions de réversion, que touche un veuf ou une veuve après le décès de son conjoint. Il s’agit des femmes en majorité. Désormais, d’après le projet, ayant davantage travaillé que leurs mères ou grand-mères, elles n’en auraient plus besoin, puisqu’elles ont leur propre pension. Plusieurs versions ont circulé : partage de la pension entre conjoints successifs en cas de séparation, prise en compte des revenus du couple, etc. mais une chose est sûre : la majorité des retraités y perdra.
Enfin, le gouvernement envisage de faire reculer l’âge de la retraite de façon hypocrite. L’âge légal ne bougerait pas, mais partir à cet âge signifierait partir avec une pension diminuée. On aura « le choix » entre partir avec une retraite de misère ou partir plus tard pour garder de quoi vivre.
Il en va des retraites des travailleurs comme de leur salaire : elles devraient leur permettre de vivre dignement jusqu’au bout, et chacun devrait aussi cesser de travailler suffisamment tôt pour profiter un peu d’une vie sans exploitation. Et pour tout cela, ce serait au patronat de payer. L’ensemble du camp des travailleurs pourra l’imposer en mettant en avant ses intérêts collectifs, par-delà toutes les divisions que les patrons et les gouvernants à leur service cherchent à créer et à exciter parmi les salariés.