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Leur société
Syndicats : riposte éparpillée façon puzzle
Avec son plan de réforme du régime d’assurance chômage, le gouvernement s’en prend violemment aux droits des travailleurs, en particulier les plus précaires. Les 1,7 milliard d’euros d’économies par an seront essentiellement réalisés à leurs dépens.
Il faudra désormais avoir travaillé six mois sur 24, et non quatre mois sur 28, pour bénéficier d’une indemnité chômage, ce qui en écartera, d’après la CGT, 300 000 chômeurs. Le gouvernement introduit aussi la dégressivité des allocations chômage, en commençant par celles des cadres, qui verront leurs indemnités chuter de 30 % au bout de six mois.
Le patronat ne payera quasiment rien dans ce plan drastique d’économies, hormis un bonus-malus symbolique sur les contrats courts, dans quelques branches, alors qu’il est le responsable du chômage et de la précarité. Ainsi, de General Electric à Ford en passant par Auchan ou Carrefour, il supprime actuellement des dizaines de milliers d’emplois dans les grands groupes et leurs sous-traitants.
Les confédérations syndicales ont toutes dénoncé cette réforme. Mais jusqu’à présent, en guise de riposte, elles ont effectué le minimum… syndical.
Si Laurent Berger, secrétaire de la CFDT, dit être sorti furieux de Matignon, ce n’est pas uniquement en raison des mesures antichômeurs. C’est aussi que le gouvernement, en agissant par décrets, balaye la cogestion de l’Unedic par les syndicats et le patronat. Berger a ainsi déclaré : « Eh bien voilà, c’est la fin de l’histoire : l’État gère. Et il le fait comme il l’entend… et c’est moins en faveur des demandeurs d’emploi que les compromis passés entre partenaires sociaux. »
Il ne s’agit pas pour autant pour la CFDT d’appeler à une riposte : elle appelait, selon les mots de Berger, à un rassemblement « symbolique » avec l’Unsa, la CFTC, la CGC et la Fage, mardi 25 juin devant le ministère du Travail. Mais le même Berger considère déjà qu’il ne va pas « rêver à un grand soir » et que « le décret sera signé dans l’été ». Drôle de façon de mobiliser.
La CGT appelait de son côté à manifester devant l’Unedic le lendemain, FO et Solidaires n’appelant à aucun de ces rassemblements. Tous jurent cependant vouloir construire une riposte. Faisant référence aux gilets jaunes, Éric Beynel, de Solidaires, indique dans une lettre aux autres confédérations : « Si on continue dans la division, il y aura encore des mouvements à côté des syndicats », montrant où se situe la hantise commune des directions syndicales.
Il faut en tout cas souhaiter que la violence de l’attaque du gouvernement et du patronat, qui s’apprête à faire basculer des centaines de milliers de travailleurs précaires dans la misère, suscitera une révolte et une colère de tout autre ampleur que celles des dirigeant syndicaux.