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Leur société
Un cadeau alléchant pour le capital privé
Depuis des années, les différents gouvernements privatisent des entreprises assez importantes qui rapportent des profits. Des grandes banques à Safran, en passant par Suez, Rhône-Poulenc, Air France, France Télécom, etc., tous les secteurs ont été touchés.
Ces entreprises ont souvent nécessité des investissements importants. Les réseaux de télécommunications, la construction des autoroutes, les réseaux d’aéroports, les chemins de fer, tout cela a coûté de l’argent avant de devenir rentable. Les capitalistes privés, globalement, n’ont pas choisi de réaliser ces investissements, et de prendre ainsi, comme ils aiment à le faire croire, des risques à grande échelle. C’est l’État, avec l’argent des classes populaires, qui a dû construire, créer, investir, entretenir, développer des pans entiers de l’économie.
Mais, avec la crise économique, les capitalistes cherchent toujours davantage par quels placements ils peuvent continuer à faire fructifier, non pas l’économie, mais leurs propres capitaux. C’est ainsi que Vinci, candidat au rachat d’ADP, est déjà présent dans son conseil d’administration. Les privatisations dans ces secteurs sont une des possibilités d’accroître les profits sans devoir investir.
Autant dire que cette politique, critiquée à juste titre aujourd’hui, n’est pas spécifique à Macron. Jospin, Premier ministre socialiste entre 1997 et 2002, avec plusieurs ministres communistes dans son gouvernement, dont le ministre des Transports Gayssot, a même été un des principaux artisans des privatisations des autoroutes par exemple. À une autre époque, à la sortie de la guerre, les mêmes capitalistes avaient au contraire besoin que l’État prenne en charge une grande partie de l’économie, pour la relancer par des nationalisations.
Aujourd’hui, les privatisations comportent clairement des attaques contre les travailleurs et s’y opposer est juste. Pour autant, elles ne changent pas la nature de l’économie, contrairement à ce que voudraient faire croire par exemple les « intellectuels engagés » autoproclamés qui ont signé une tribune dans Le Monde le 11 juin dernier. En écrivant : « Les services publics sont la propriété collective de tous les Français, reçue en héritage de leurs anciens », ils travestissent la réalité de l’économie capitaliste. Les travailleurs n’ont jamais été propriétaires de ces entreprises ou des services publics, car c’est l’État qui l’était et qui les gérait dans l’intérêt de la bourgeoisie.
D’ailleurs, même dans les entreprises dites publiques, les travailleurs doivent parer les coups. Depuis 2005, il y a eu 1 600 suppressions d’emplois chez ADP, alors que l’État y est majoritaire. Ces suppressions d’emplois visent à rendre l’entreprise encore plus profitable pour les actionnaires, en faisant faire plus de travail par moins de salariés et en développant la sous-traitance.
Grâce à ces attaques, ADP est une entreprise largement bénéficiaire. Non seulement le nombre de voyageurs augmente régulièrement dans les aéroports, mais ils sont devenus des centres commerciaux immenses, de véritables machines à cash. Les magasins qui s’installent dans les aérogares sont majoritairement des enseignes du luxe, à l’affût de voyageurs, vus comme des clients à appâter. Résultat : les bénéfices d’ADP ont explosé ces dernières années. En 2017, le bénéfice net du groupe s’élevait à 571 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards. C’est là une manne de profits que l’État veut céder à des capitalistes privés, après avoir contribué à la créer.
Contre la privatisation d’ADP et ses conséquences pour les travailleurs, ce qui comptera sera d’abord leur volonté de se défendre et leur capacité à s’organiser et à se mobiliser, qu’ils soient salariés d’ADP ou sous-traitants.