Nos lecteurs écrivent : Pôle emploi et les besoins en main-d’œuvre15/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2650.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Pôle emploi et les besoins en main-d’œuvre

Au Pôle emploi où je travaille, nous recevons constamment des enquêtes de toutes sortes au point que nous ne les lisons même plus. Pourtant, la dernière sur les besoins en main-d’œuvre des entreprises pour l’année 2019 mérite d’être commentée.

L’enquête porte sur les métiers les plus recherchés et pour lesquels les employeurs ont des difficultés à recruter. En première position sont tous les métiers dits saisonniers : principalement l’hôtellerie, la restauration et le secteur agricole, puis les métiers de services aux entreprises : les agents d’entretien, les ouvriers non qualifiés, les manutentionnaires et les conducteurs routiers. Enfin viennent tous les métiers de soin et d’accompagnement : les aides à domicile et ménagères ainsi que les aides-soignants.

Pour nous ce n’est ni une surprise ni anormal. Nous sommes dans une région agricole et touristique, et ces emplois sont synonymes de précarité, de bas salaires, de mauvaises conditions de travail et de chômage récurrent.

Très peu de ces postes sont proposés en CDI. Ce sont des vacations et des CDD courts, et souvent à temps partiel. La plupart sont payés au smic et ne donnent pas toujours droit aux indemnités de précarité. Beaucoup de ces salariés sont embauchés à l’heure. Les ouvriers agricoles par exemple ont des contrats de cinq heures à la journée alors que physiquement ils en font l’équivalent de huit. Les agents d’entretien dans les entreprises ou dans le tourisme travaillent deux heures par ci, deux heures par là avec des coupures et des temps de trajet importants et non rémunérés. Dans l’hôtellerie-restauration, ils travaillent en plus le week-end et le soir, ce qui engendre fatigue, frais (garde d’enfant, obligation d’avoir le permis et un véhicule) et vie sociale difficile. Et que dire des aides à domicile, qui doivent enchaîner les visites d’une personne à une autre avec des temps d’intervention de plus en plus réduits entraînant un stress permanent.

Comme si cela ne suffisait pas, lorsque ces travailleurs se retrouvent au chômage, s’ils bénéficient d’une allocation, elle est calculée sur le smic et des temps partiels, et ne leur permet pas de payer toutes leurs charges.

Le patronat et le gouvernement se servent de ces chiffres pour nous convaincre qu’il y a du travail, qu’il faut arrêter de se plaindre et se retrousser les manches. Ils n’hésitent pas non plus à faire passer pour des fainéants et des profiteurs d’aide sociale ceux qui ne se jettent pas sur ces emplois difficiles, mal payés et n’offrant aucune perspective.

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