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Dans le monde
Chine-USA : les conséquences de la guerre commerciale
Alors que du 8 au 10 mai, Chinois et Américains négociaient à nouveau à Washington sur leurs échanges commerciaux, Trump a annoncé qu’il portait de 10 à 25 % les taxes sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés. En représailles, les dirigeants chinois ont augmenté les droits de douane sur 60 milliards de produits américains entrant dans leur pays.
Trump accuse les dirigeants chinois de subventionner leurs industriels, d’imposer des transferts de technologie aux firmes occidentales qui signent des contrats en Chine et de limiter l’accès au marché chinois des produits américains. Si ces mesures protectionnistes sont bien réelles, elles sont pratiquées par tous les États qui en ont les moyens, à commencer par les États-Unis, pour défendre coûte que coûte leurs capitalistes. Même quand les dirigeants américains se voulaient les champions du libre-échange, dans les années 1990 ou 2000, ils protégeaient leur marché par de multiples méthodes.
Trump, pour des raisons politiciennes, lui qui se pose en champion du Made in America, mais aussi parce que la crise économique exacerbe la concurrence et rétrécit les marchés, a choisi de remettre en cause les accords commerciaux avec tous les pays. Si ces annonces de taxes supplémentaires relèvent en partie du bluff pour peser dans les négociations, elles ont des effets bien réels dans une économie mondiale instable. Les déclarations du président américain ont immédiatement fait plonger les Bourses asiatiques mais aussi celle de New-York, aggravant la fébrilité des marchés financiers et nourrissant la spéculation. Mais ce sont les classes populaires, en Chine et aux États-Unis, qui en paient déjà le prix fort.
Avec 6 % de croissance officielle de son PIB en 2018, un chiffre surévalué mais le plus bas depuis trente ans, l’économie chinoise connaît un net ralentissement. Les travailleurs sont les premiers touchés. La baisse des exportations chinoises, du fait de la crise générale et des mesures protectionnistes de Trump, provoque des licenciements dans les usines et les grands ports. En 2018 la production a chuté respectivement de 17 et 14 % dans l’automobile et l’électronique. Des dizaines de milliers de travailleurs précaires, les migrants de l’intérieur, sont mis au chômage et doivent retourner dans leurs régions d’origine. Les licenciements touchent aussi des salariés qualifiés d’entreprises américaines installées en Chine, comme le développeur de logiciels Oracle, qui vient de supprimer 900 emplois.
Aux États-Unis, un conseiller économique de Trump a dû reconnaître récemment que « ce sont les Américains et non pas les Chinois qui paient les taxes sur les importations », au travers de l’augmentation des prix. Sans surprise, les importateurs et les industriels qui paient les surtaxes les répercutent sur les consommateurs. Depuis un an, de multiples produits qui contiennent de l’aluminium ou de l’acier, des canettes de soda aux automobiles, ont vu leur prix flamber. Le protectionnisme ne protège pas les travailleurs : avec la hausse de prix inéluctable puis avec l’aggravation de l’exploitation dans les entreprises au nom de la compétitivité nationale, il les gruge deux fois.