Violences policières : des victimes témoignent01/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2648.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violences policières : des victimes témoignent

Il n’y a pas que Macron qui organise des conférences de presse. Dimanche 28 avril à 11 heures, des gilets jaunes en ont organisé une à la Ferme de l’horloge à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, mais il y avait beaucoup moins de médias.

Une vingtaine de blessés graves depuis le début du mouvement étaient présents et ont expliqué chacun dans quelles circonstances ils avaient été mutilés. À les voir ainsi rassemblés, la brutalité de la répression se montrait sans fard. Pour beaucoup, ce sont des jeunes qui se sont retrouvés handicapés pour la vie, comme ce plombier de 30 ans incapable de continuer dans son métier après avoir perdu une main.

Les gilets jaunes présents à Gennevilliers avaient eu connaissance de 22 personnes éborgnées, c’est-à-dire ayant perdu un œil ou son usage, et de cinq personnes ayant eu une main arrachée ; un homme a dû subir une ablation du testicule et un autre a perdu l’odorat. Parmi les blessés du 20 avril à Paris, par exemple, les secouristes ont dénombré 33 personnes touchées par des tirs de LBD, et 23 atteintes par des grenades explosives de désencerclement ou des GLI F4 (grenades lacrymogènes instantanées).

« Vous avez 19 personnes devant vous et vous n’avez que 26 yeux qui vous regardent. Faites le compte : il y a un problème », s’est écrié Jérôme Rodriguez, lui-même atteint à l’œil lors de la manifestation du 26 janvier. « On réclame la vérité, la justice et l’interdiction des armes dites sublétales », a expliqué le porte-parole du collectif. « La vérité est bafouée quotidiennement. Rappelez-vous Macron n’hésitant pas à dire, le lendemain des blessures graves de Geneviève Legay à Nice, que cette dame n’avait pas été en contact avec les forces de l’ordre. Et, en plus, en osant lui faire la morale. »

La justice ? Plusieurs blessés ont tenté de porter plainte mais, comme par hasard, les caméras de surveillance étaient en panne, et plusieurs procédures restent sans suite.

Les manifestants présents souhaitent faire un recensement de tous les blessés depuis le début du mouvement et ont annoncé la création d’un collectif « Les mutilés pour l’exemple », faisant ainsi référence aux fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale.

Cette conférence de presse a eu au moins le mérite de révéler crûment les violences dont ont été victimes les manifestants, et de dire que ceux-ci n’avaient pas l’intention de se taire.

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