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Leur société
Privatisation d’ADP : un vol de 9 milliards avec ou sans référendum
218 parlementaires PS, PC, France insoumise et de droite (LR) viennent de demander un « référendum d’initiative partagée » contre la privatisation du groupe ADP, propriétaire, entre autres, des trois aéroports parisiens : Roissy-Charles-de-Gaulle, Orly et Le Bourget.
Dans les faits, et cela en dit long sur l’arnaque à « l’expression de la volonté populaire » que constitue la possibilité très théorique d’organiser de tels référendums, il y a bien peu de chance que cette initiative débouche sur autre chose qu’une petite comédie parlementaire. Il faudrait en effet qu’elle soit validée par le Conseil constitutionnel, puis qu’elle recueille les signatures d’environ 4,5 millions de personnes (10 % du corps électoral), puis que le Parlement l’examine dans les six mois… Et même dans ce cas, sur quoi cela déboucherait-il ?
L’État détient 50,6 % du capital d’ADP, le reste appartient au privé. Le géant mondial du BTP, le groupe Vinci détient déjà 8 % du capital d’ADP et se verrait bien rafler le gros lot : le contrôle de l’ensemble.
Ce serait un formidable cadeau, quand on sait qu’ADP est devenu en 2018 le premier groupe aéroportuaire au monde. Premier propriétaire foncier d’Île-de-France, il est en plus une machine à profits. Plusieurs centaines de millions d’euros sont dégagés chaque année, dont une partie échappe légalement à l’impôt, grâce aux redevances sur tous les atterrissages et décollages, aux commerces qui ne désemplissent pas dans les terminaux, sur fond de croissance incessante du trafic aérien et du flux de passagers. C’est aussi grâce à l’exploitation féroce de dizaines de milliers de salariés d’ADP et d’une myriade de sociétés sous-traitantes sans lesquels aucun aéroport ne pourrait fonctionner.
En cédant pour 70 ans ses parts dans ADP, le gouvernement assurerait une rentrée de 9 milliards dont il a besoin pour faire de nouveaux cadeaux au grand patronat. Reste à savoir qui bénéficiera de l’opération. Certains voudraient dédommager Vinci qui a dû faire une croix sur la construction et gestion de Notre-Dame-des-Landes, mais ce serait au risque d’apparaître comme favorisant, une nouvelle fois, un hold-up à son profit sur le domaine public. L’actuel ministre de l’Économie, Le Maire, chaud partisan de Vinci, l’avait déjà favorisé en tant que conseiller du Premier ministre lors de la scandaleuse privatisation-bradage des autoroutes.
Ceux, à droite, que cela semble indigner aujourd’hui parce qu’ils sont dans l’opposition, étaient aux affaires lors de la privatisation des autoroutes. Ils ne sont d’ailleurs pas opposés à la privatisation d’ADP, même s’ils envisagent une autre répartition et d’autres bénéficiaires de la vente des parts de l’État.
Quant au PS, au PCF et à Mélenchon, qui aimeraient apparaître à la pointe de l’opposition à cette privatisation, ils ont, sous Mitterrand et Jospin, collaboré à nombre de privatisations dont, parmi les plus récentes, celle d’Air France.
La dernière péripétie de la privatisation d’ADP, y compris ce projet d’un hypothétique référendum, n’est encore qu’une façon de masquer l’essentiel : le fait que l’État met ses ressources au service du grand capital.