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Israël : un pouvoir brutal pour les Arabes et les Juifs
Lors des élections législatives qui ont eu lieu le 9 avril, Benyamin Nétanyahou, l’actuel chef du gouvernement et candidat du principal parti de droite, le Likoud, aux commandes depuis 2009, briguait un cinquième mandat consécutif. Avec 26 % des voix, il devance de très peu son principal concurrent mais en s’alliant avec les autres partis de droite et d’extrême droite, il devrait parvenir à conserver son poste.
Menacé d’une inculpation par la justice dans les semaines à venir pour corruption, fraude et abus de confiance, Netanyahou a mené une campagne très à droite, se posant en garant de la sécurité d’Israël contre les Palestiniens, contre le Hamas, contre l’Iran… Après avoir ouvertement encouragé la colonisation de la Cisjordanie depuis des années, Nétanyahou a affirmé, à quelques jours du vote, que s’il gagnait les élections, il annexerait toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, précisant même qu’il ne ferait pas de distinction « entre les [plus grands] blocs de colonies et les colonies isolées ».
Son principal concurrent, Benny Gantz, un ancien chef d’état-major, conduisait la liste de centre droit Bleu Blanc qui ne se distinguait quasiment en rien de Netanyahou sur le plan politique. Tout au long de la campagne, Gantz a cherché à convaincre l’électorat qu’il pouvait être aussi efficace que le dirigeant du Likoud sur le terrain sécuritaire.
Les autres concurrents de Netanyahou se situaient surtout sur sa droite. Afin de ratisser largement l’électorat d’extrême droite et se donner les meilleures chances de former une coalition après les élections, Netanyahou lui-même a poussé des partis religieux nationalistes à faire figurer sur leur liste deux représentants de Force juive, une organisation au racisme anti-arabe affiché et prônant le recours à l’assassinat et au terrorisme.
Quant aux travaillistes, qui ont été le parti dominant, sinon hégémonique durant les 30 premières années de l’histoire d’Israël, ils ne parviennent à recueillir que 5 % des voix. Eux-mêmes ne se différenciaient pas de Netanyahou avec lequel ils ont gouverné à plusieurs reprises dans le cadre de gouvernements d’union nationale. « La sécurité avant tout », constituait le premier point de la plateforme du Parti travailliste, ainsi qu’un vœu de « se séparer » des Palestiniens.
Menée exclusivement sur le terrain sécuritaire et nationaliste, la campagne a totalement passé sous silence toutes les autres questions, et en particulier celles des inégalités sociales qui sont particulièrement fortes en Israël où plus d’un quart des Israéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Israël est présenté comme la « nation start-up », à l’économie florissante et avec un secteur de technologie de pointe parmi les plus performants du monde. Mais ce secteur, avec ses hauts salaires, n’occupe même pas 10 % de la population. La réalité que vit une grande partie de la population israélienne, à commencer par les près de deux millions d’Arabes israéliens, est faite des très bas salaires qui ne permettent pas de se soigner, de se loger et parfois tout simplement de se nourrir correctement. Plus d’un million d’enfants vivent dans la pauvreté, un chiffre qui n’a fait qu’augmenter ces dernières années, et d’après l’ONG israélienne Latet, une partie d’entre eux ont dû récupérer de la nourriture dans la rue ou dans les poubelles. L’État israélien a bâti l’une des armées les plus modernes du monde mais il y est parvenu en diminuant ses investissements consacrés aux infrastructures, au système de soins, aux retraites et aux allocations sociales, condamnant une partie de la population, y compris juive, à des conditions de vie particulièrement indignes.
Selon toute probabilité, le gouvernement qui sortira de ces dernières élections poursuivra, avec ou sans lui, la politique de Netanyahou, une politique agressive et brutale envers les Palestiniens, ne leur laissant aucun espoir de satisfaire leurs aspirations à une existence nationale, instaurant contre eux un véritable régime d’apartheid. Cette violence et ce mépris social, une grande partie de la population juive israélienne les subit aussi.