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- Lutte ouvrière n°2645
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Editorial
Aux élections européennes, affirmer le camp des travailleurs face à celui du grand capital
Le gouvernement a commencé la « restitution » du grand débat national. Des logiciels auraient analysé les deux millions de contributions et les 630 000 pages de doléances. Et, d’après le Premier ministre Édouard Philippe, il en ressort… qu’il faut baisser les dépenses publiques, les aides au logement notamment ! Quel baratin ! Dans quelques jours, Macron annoncera ses choix. Il n’en sortira rien de favorable aux classes populaires. Depuis le début, ce grand débat était destiné à mettre un terme au mouvement des gilets jaunes.
En réalité, de nouvelles attaques contre les classes populaires se préparent. Il n’est qu’à voir les ballons d’essai que le gouvernement vient de lancer à propos des retraites. Macron s’était engagé à ce que l’âge de départ reste à 62 ans sous son mandat. Les ministres se succèdent maintenant pour expliquer qu’il faut financer la dépendance et que l’espérance de vie augmente – ce qui était vrai mais ne l’est plus. En outre, les employeurs se débarrassent souvent des salariés bien avant qu’ils aient atteint 62 ans. Retarder l’âge légal, c’est aussi préparer une baisse des pensions.
Autre mesure : les tarifs d’EDF, qui avaient été gelés quand le mouvement des gilets jaunes battait son plein, augmenteront de 6 % l’été prochain, soit une centaine d’euros en plus par an pour une famille qui se chauffe à l’électricité.
Quant aux capitalistes, grand débat ou pas, ils n’ont pas interrompu leurs attaques contre les travailleurs. En témoigne la situation des papeteries Arjowiggings, en liquidation, et dont les ouvriers seront bientôt au chômage. À Blanquefort, 800 salariés vont être licenciés par Ford, une des plus grandes entreprises mondiales. Carrefour a également annoncé la suppression de plus de 1 200 postes. Ses actionnaires se sont partagé 350 millions d’euros de dividendes, mais cela ne leur suffit pas !
C’est dans ce contexte que la campagne pour les élections au Parlement européen a débuté. Une comédie bien réglée dans laquelle on veut limiter les choix aux pro et anti-européens.
D’un côté, les macronistes, la droite et le PS vantent les mérites de la construction européenne. Depuis soixante ans qu’elle a commencé, celle-ci ne s’est faite que pour les capitalistes. Les marchandises, la finance et les crises traversent les frontières sans contrôle. Mais l’Union européenne n’a en rien harmonisé les droits des salariés. À l’Est, les salaires sont inférieurs à 500 euros. Au Sud, le chômage fait des ravages. Et l’Europe est devenue une forteresse dressée contre les migrants. Aujourd’hui, le ministre Castaner en est, comme l’Italien Salvini, à dénoncer les ONG qui sauvent les migrants, accusées d’être « complices des passeurs ».
Du côté des souverainistes, entre Bardella, Philippot, Dupont-Aignan et Asselineau, ça se bouscule au portillon. Ce sont des démagogues. Le bilan de l’UE n’est certes pas glorieux, mais celui des États nationaux ne l’est pas non plus !
Lutte ouvrière sera bien présente dans ces élections, même si France 2 n’a pas invité Nathalie Arthaud à son débat du jeudi 4 avril, s’asseyant sans vergogne sur le pluralisme. Nous y dirons que, en France comme en Europe, les travailleurs ne doivent pas accepter de faire les frais de l’offensive capitaliste. Nous affirmerons qu’ils doivent mettre en avant des revendications qui correspondent à leurs intérêts.
Les gilets jaunes se sont révoltés parce qu’ils ne peuvent plus joindre les deux bouts. Pour préserver nos conditions d’existence, il faut augmenter les salaires, les pensions et les allocations, et les indexer sur les prix.
Contre le chômage, il faut interdire les licenciements et créer des emplois, en répartissant le travail entre tous, sans perte de salaire.
Contre les grands patrons qui ferment des usines en prétendant être en difficulté, ou sont même, comme Carlos Ghosn, spécialisés dans le transfert d’argent vers leurs poches, il faut abolir le secret des affaires. Les salariés, les usagers et les consommateurs doivent pouvoir contrôler les comptes des entreprises.
Il faudra de puissantes luttes collectives du monde du travail pour inverser le rapport de force et imposer les exigences du camp des travailleurs. Mais dans ces élections, nous pourrons au moins l’affirmer en votant pour la liste Lutte ouvrière conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier. Affirmer le camp des travailleurs, dire ce que sont ses exigences contre le camp du grand capital industriel et financier, c’est déjà se préparer aux combats de demain.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 8 avril 2019