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Leur société
Fin de la trêve hivernale : toujours plus de familles à la rue
Dimanche 31 mars au soir s’est achevée la trêve hivernale qui interdit les expulsions, ainsi que les coupures d’électricité et de gaz pour factures impayées. Des dizaines de milliers de familles populaires vivent à nouveau dans l’angoisse de perdre brutalement leur logement, comme en témoignait, après la visite d’un huissier, une femme de 81 ans qui, avec sa retraite de 1 200 euros, n’arrive plus à payer son loyer de 900 euros.
D’après la fondation Abbé-Pierre, plus de 300 000 personnes ont été expulsées au cours des dix dernières années. Un sinistre record a même été atteint en 2017, avec 15 500 ménages expulsés par la force. « En quelques minutes, toute votre vie se retrouve sur le trottoir », raconte une victime, qui dort désormais dans une voiture.
Plus de 30 000 autres familles, condamnées par les tribunaux à être expulsées, ont préféré quitter leur logement avant même l’intervention de la police, fuyant la pression des huissiers et le harcèlement des bailleurs.
Les expulsions sont l’acte final de tout un processus de violence sociale, exercé à la demande des propriétaires, souvent des banques ou des institutions, avec l’appui du système judiciaire et en dernier recours de la police. Cela aboutit à priver les milieux populaires du droit élémentaire à avoir un toit. Toutes les associations constatent la même chose : les difficultés à se loger ont pour origine les contrats de travail de plus en plus précaires, les salaires insuffisants et la flambée des loyers.
Deux tiers des places d’hébergement d’urgence ouvertes pendant la période hivernale ferment début avril. 8 000 personnes devraient ainsi se retrouver à la rue, alors qu’on y meurt autant en hiver qu’en été. Devraient s’y ajouter des milliers de migrants chassés des centres d’hébergement du fait de la loi Asile et immigration.
Le printemps va voir à nouveau s’étendre un peu partout ces campements où de plus en plus de familles échouent et survivent dans des conditions inhumaines.
C’est toute une logique sociale qui aboutit à broyer la vie de centaines de milliers de personnes, privées de logements par les lois sur la propriété.
Interdire les expulsions toute l’année, réquisitionner les logements vides, construire massivement des logements à bas prix, ce sont des mesures de bon sens qui s’imposent d’urgence, pour que les familles populaires puissent simplement conserver le droit de vivre décemment.