Gilets jaunes : camouflet pour le gouvernement27/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P3_DSF9809_couleur_23_mars_Serge_DIgnazio.jpg.420x236_q85_box-0%2C20%2C385%2C236_crop_detail.jpg

Leur société

Gilets jaunes : camouflet pour le gouvernement

Après la casse en marge des manifestations des gilets jaunes sur les Champs-Élysées samedi 16 mars, le gouvernement a alterné dramatisation et menaces pour vider les rues de toute manifestation. L’opération a capoté, une fois de plus : les manifestants étaient plus nombreux samedi 23 mars, 42 000 selon les chiffres officiels, quelque 8 000 de plus que le samedi précédent.

Illustration - camouflet pour le gouvernement

Le gouvernement n’a pourtant pas lésiné sur les moyens destinés à montrer que, cette fois, on allait voir ce qu’on allait voir ; comme si avec les dizaines de mutilés, les centaines de blessés et les milliers de déférés en justice, la brutalité de l’État n’avait pas été assez vérifiée. Le 23 mars, dans toute la France, le gouvernement voulait montrer ses muscles et a aligné 62 000 policiers et gendarmes en prévision des manifestations.

Le nouveau préfet de police de Paris a défilé sur les Champs-Élysées samedi 23 mars au petit matin, pour passer ses troupes en revue et montrer que dans la capitale tout était en ordre. L’avenue, interdite aux manifestations comme un certain nombre de centres-villes en province, était bouclée par des centaines d’hommes et vide de manifestants... et de touristes. Le préfet fanfaronnait devant les caméras de télévision : c’était le but de l’opération.

Cette mise en scène sécuritaire venait après des jours durant lesquels le gouvernement a donné force publicité à l’utilisation, dans le dispositif contre les manifestations de gilets jaunes, d’unités de l’armée de l’opération Sentinelle, mise en place pour prévenir des attentats. Il était précisé – encore heureux ! – que les soldats seraient utilisés pour protéger des bâtiments et ne seraient pas face aux manifestants. Mais le but était bien de tenter d’intimider, de dissuader de venir ou revenir dans les rues, en faisant planer la menace d’une intervention de l’armée. Les déclarations du gouverneur militaire de Paris, la veille des manifestations, ont ajouté une pincée d’épices à la soupe sécuritaire, quand il a dit à la radio que les soldats ont « différents moyens d’action pour faire face à toute menace, ça peut aller jusqu’à l’ouverture du feu ».

Le gouvernement ne veut prendre aucune mesure favorable au pouvoir d’achat ou aux conditions d’existence, alors que c’est ce qui constitue encore et toujours le fonds des revendications des gilets jaunes. Bien au contraire, toute sa politique au service des riches et du grand patronat continue à susciter le mécontentement. Alors, il ne voit rien d’autre à faire que jeter l’opprobre sur le mouvement des gilets jaunes en le présentant comme un mouvement de voyous, et répondre par la matraque en montant la menace d’un cran de semaine en semaine.

Le dernier samedi de contestation a encore montré que le gouvernement a bien des difficultés à refermer le couvercle. Mais, même si le mouvement des gilets jaunes s’éteignait de lui-même ou sous les coups du gouvernement, la marmite sociale continuerait de bouillir. Ce ne sont pas les postures sécuritaires du gouvernement qui l’empêcheront d’exploser.

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