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Gaza : la contestation sociale réprimée violemment
Entre le 14 et le 19 mars, des centaines de Palestiniens de la bande de Gaza ont manifesté contre le coût de la vie sous le slogan « Nous voulons vivre », lancé sur les réseaux sociaux et repris par les manifestants.
Deux millions d’habitants vivent sur l’étroite bande de Gaza. Le gouvernement israélien y a mené trois guerres, causant des destructions innombrables, et depuis douze ans, les Gazaouis étouffent sous le blocus imposé par les autorités israéliennes et égyptiennes. Un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté et la survie des deux tiers de la population dépend de l’aide étrangère. Le chômage touche 53 % des actifs, 70 % des jeunes.
Dans cette situation sociale déjà catastrophique, l’augmentation des taxes par le Hamas, le parti islamiste au pouvoir depuis 2007, contribue à rendre la vie encore plus difficile. Les produits importés, y compris alimentaires, sont hors de portée de la majorité des habitants. Le prix des tomates a triplé.
En réaction à cette aggravation de leur situation, des centaines de manifestants ont envahi les rues. Partie de l’immense camp de réfugiés de Jabaliya, au nord du territoire, où s’entassent plus de 100 000 personnes, la contestation s’est étendue à plusieurs autres endroits.
Si le Hamas encourage les « marches du retour » organisées chaque vendredi depuis un an pour protester contre le blocus israélien et exiger le retour des Palestiniens chassés de leur terre, il a durement réprimé cette flambée de contestation sociale. Le ministre de l’Intérieur, tout en affirmant comprendre « les manifestations liées aux difficultés créées par le blocus », a affirmé : « Nous ne laisserons personne les exploiter pour semer le chaos. » Une réponse aux manifestants dont plusieurs ont exprimé, le plus souvent sur les réseaux sociaux, leur colère devant les avantages que s’octroient les dirigeants et leurs familles. Les forces de sécurité du Hamas ont donc bastonné les manifestants, arrêté des dizaines de jeunes accusés d’avoir appelé aux rassemblements sur les réseaux sociaux et frappé les journalistes qui s’aventuraient dans les manifestations.
Les Gazaouis révoltés par leurs conditions de vie ne se sont pas seulement heurtés aux matraques du Hamas, doublées d’insultes les accusant d’être des traîtres manipulés par Israël. Ils ont également eu droit aux déclarations de soutien empoisonnées de l’Autorité palestinienne, qui dirige la Cisjordanie et voudrait bien reprendre la main sur Gaza en éliminant le Hamas. L’Autorité palestinienne a ainsi assuré les manifestants de sa compréhension, alors qu’elle participe à l’aggravation des conditions de vie en rognant sur les salaires des fonctionnaires et en refusant même de payer la facture de carburant de la seule centrale électrique de la bande de Gaza.
Mais le comble du cynisme revient évidemment au gouvernement israélien de Netanyahou, qui a relayé en boucle les vidéos montrant les images de la répression des manifestations et fait mine de s’en émouvoir, alors que sa politique de blocus et de guerre est la première responsable de la situation désespérée des Palestiniens de Gaza ! Les tentatives de récupération des uns et des autres traduisent en tout cas un même mépris de fond pour la population palestinienne.