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- Lutte ouvrière n°2638
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Editorial
Combattre le capitalisme, une nécessité matérielle et politique
Après l’agression antisémite dont Alain Finkielkraut a été victime, une partie de la caste politique et médiatique instruit un procès à charge contre les gilets jaunes. Oubliées, les revendications légitimes de hausse du pouvoir d’achat ! Oubliée, la demande de justice sociale et du rétablissement de l’ISF ! Le mouvement est ravalé à une horde complotiste, haineuse et violente.
Tout travailleur conscient rejette la saloperie antisémite, comme toutes les autres formes de racisme. Les crapules qui profitent de ce mouvement populaire pour parader rappellent les pires moments de l’histoire où les Juifs, les Tziganes et les militants ouvriers antifascistes étaient menés aux camps d’extermination.
Les antisémites, comme les xénophobes et autres racistes, qu’ils viennent de l’extrême droite ou des milieux intégristes religieux, préparent une société barbare dont les travailleurs seraient les principales victimes. Mais l’antisémitisme n’a pas été inventé par les gilets jaunes.
S’il y a des responsables à pointer du doigt, il faut les chercher du côté de ces dirigeants politiques qui ont organisé mardi 19 février des manifestations prétendant le dénoncer. En accusant les immigrés de tous les maux et en nous renvoyant en permanence à notre identité nationale, ils alimentent le climat délétère sur lequel peut aussi fleurir l’antisémitisme. Alors, que ces gens-là fassent la leçon aux gilets jaunes est révoltant !
Il y a trois mois, plusieurs centaines de milliers de femmes et d’hommes ont revêtu le gilet jaune pour exprimer une colère sociale. Chaque semaine, des dizaines de milliers d’entre eux continuent de se mobiliser : pas seulement dans les manifestations du samedi, mais aussi sur des ronds-points et dans des petites villes, où les caméras de télévision ne trouvent rien de croustillant car il n’y est question que de fins de mois difficiles et de galères de boulot.
Les mille et une injustices quotidiennes subies par les travailleurs et les plus pauvres, parmi lesquelles le mépris social si souvent teinté de racisme, n’intéressent pas du tout le gouvernement. Ce dernier a organisé le grand débat pour noyer les revendications sociales dans un tas d’autres problèmes et pour laisser pourrir le mouvement.
Mais c’est toute la situation économique, sociale et politique qui est en train de pourrir !
Le gouvernement essaie de faire croire à la sortie du chômage de masse parce que le taux de chômage aurait baissé et que des entreprises n’arrivent pas à recruter. Mais les suppressions d’emplois continuent dans toutes les grandes entreprises. L’État-patron lui-même refuse d’embaucher dans les hôpitaux, l’éducation et tous les autres services utiles à la population. Et des milliers de personnes attendent désespérément une formation à Pôle emploi.
En réalité, la crise économique s’approfondit. Les injustices et les inégalités explosent, parce que la classe capitaliste est de plus en plus rapace et aveuglée par la recherche du profit. Et toute l’économie est gangrenée par la finance.
Emploi, salaire, retraite, logement, garde des enfants, déserts médicaux, transports publics, prise en charge des handicapés ou des personnes âgées dépendantes : le gouvernement est incapable d’apporter la moindre solution à des problèmes élémentaires et quotidiens.
Il est également incapable d’enrayer les catastrophes climatiques et humanitaires qui menacent la société. Et il l’est tout autant pour contrer la montée des idées réactionnaires et le délitement moral de la société qui sont alimentés par le repli sur soi, la misère et la marginalisation sociale. Cela a de graves conséquences, car les forces politiques les plus réactionnaires prêtes à s’appuyer sur les pires préjugés sont à l’œuvre, avec l’ambition de prendre la place de partis politiques discrédités.
Si elles parviennent au pouvoir, ces forces se porteront au secours de l’ordre bourgeois, en commençant par s’en prendre aux immigrés, avant d’attaquer l’ensemble du monde du travail.
Pour les travailleurs, lutter pour leurs intérêts matériels ne peut suffire. Il faut aussi lutter contre le système capitaliste, porteur de bien d’autres menaces. Lever le drapeau de l’émancipation sociale, c’est-à-dire d’une société débarrassée de la dictature du grand capital, doit être leur perspective.
Tous les jours, des travailleurs sont amenés à se défendre contre le grand patronat. Il faut que leur combat devienne collectif : le combat de la classe ouvrière contre la classe capitaliste. L’aboutissement doit en être le renversement de ce système capitaliste qui empoisonne la société.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 18 février 2019