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Tchad : l’armée française au secours du dictateur
Le 3 février, les Mirage 2000 de la force Barkhane ont bombardé une colonne de véhicules de la rébellion tchadienne UFR qui roulaient vers la capitale Ndjamena dans l’intention de renverser le président Idriss Deby. Présente sur place en principe pour lutter contre les terroristes djihadistes, l’armée française vient ainsi au secours d’un des pires dictateurs de la région.
L’Union des forces de la résistance (UFR) est une alliance de huit mouvements rebelles tchadiens, dont le principal dirigeant n’est autre que le neveu d’Idriss Deby, Timan Erdimi. En 2008 déjà, ces rebelles avaient réussi à entrer dans la capitale et avaient fait vaciller le pouvoir. Sarkozy, alors président, avait proposé au dictateur de l’évacuer, ce qu’il avait refusé. Après deux jours de combats, il avait finalement réussi à prendre le dessus. L’armée française avait joué dans cette bataille un rôle non négligeable, en empêchant les rebelles de s’emparer de l’aéroport de Ndjamena par où l’armée tchadienne se ravitaillait en munitions.
Cette fois, les bombardiers français n’ont même pas laissé les rebelles s’approcher de Ndjamena et ont ouvert le feu, une décision qui se prend en très haut lieu. Il n’est pas question pour Macron de voir son principal allié au Sahel menacé. En décembre dernier, il avait fait escale à Ndjamena pour déjeuner avec Idriss Deby et confirmer leur complicité. L’armée tchadienne est la principale alliée de la France au Mali, Idriss Deby soutient la position française dans toutes les négociations sur le devenir de la région. Alors, qu’importe à Macron que ce soit un dictateur féroce, dont le clan pille toutes les ressources de ce pays qui regorge d’or et de pétrole, mais où la population est l’une des plus pauvres du continent ?
Cette intervention de l’aviation française rappelle qu’au Tchad, comme dans le reste de l’Afrique, la lutte contre le terrorisme n’est qu’un prétexte pour justifier la présence massive de l’armée française. Il s’agit d’abord et surtout de veiller sur les intérêts des capitalistes français dans le Sahel, et pour cela de défendre les potentats en place, si peu recommandables soient-ils.