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- Lutte ouvrière n°2634
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Dans le monde
Tunisie : les travailleurs du secteur public en grève
Le 17 janvier, lors de la grève lancée par la centrale syndicale UGTT dans l’ensemble de la Tunisie, les travailleurs de la fonction publique et de tous les services publics ont massivement cessé le travail.
Dans tous les gouvernorats, dans les villes comme Sfax, Bizerte, Sidi Bouzid, Gabès, les salariés des transports publics, des écoles, collèges et lycées, des municipalités, des recettes des finances, de certaines banques ont fait grève ce jour-là pour exiger des augmentations de salaire et une augmentation de leur pouvoir d’achat qui permette de compenser en partie l’inflation, officiellement de 7,5 % en 2018.
La veille, une rencontre éclair entre le Premier ministre Youssef Chahed et le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Tabboubi, avait montré le refus du gouvernement d’aller au-delà des maigres promesses faites après la dernière grève, en novembre dernier. Mais « le gouvernement n’a pas reçu le feu vert du FMI » pour aller plus loin, ironisaient des responsables syndicaux en maintenant l’appel à la grève.
« Dégage, gouvernement du FMI » était un des slogans repris dans les manifestations le 17 janvier. Mais Chahed n’était pas la seule cible des travailleurs en grève. Il y a aussi le président Essebsi, qui avait naturellement appelé à boycotter le mouvement, et Christine Lagarde, comme incarnation de ce FMI qui exige, sous prétexte de diminuer l’endettement de l’État tunisien, que ce dernier restreigne les dépenses publiques, en particulier celles des salaires. Or c’est près du quart des emplois qui sont fournis par ce secteur, alors que le chômage continue de progresser au-delà des 15 % officiels.
Dans les régions les plus pauvres du pays, celles de l’intérieur et la banlieue de la capitale, les emplois publics sont bien souvent les seuls parfois proposés aux jeunes chômeurs. L’augmentation des salaires dans le secteur public est une revendication d’autant plus légitime qu’elle concerne toute une population ouvrière pauvre, bien au-delà des salariés du public eux-mêmes.
Devant le silence du pouvoir, devant les réactions provocantes de tel ou tel ministre – celui de l’Intérieur se bornant à féliciter la police pour son calme et celui de la fonction publique se déclarant très surpris d’un nouvel appel à la grève – deux nouvelles journées de grève sont prévues en février. Si toutefois la population la plus pauvre des régions sinistrées ne manifeste pas sa colère sans attendre cette date.