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Leur société
Salaires : grosse galette pour les actionnaires
Malgré la confusion entretenue par le gouvernement, la préoccupation principale exprimée par les travailleurs, retraités ou chômeurs mobilisés dans le mouvement des gilets jaunes, est d’avoir de quoi vivre dignement. Or les salaires, quoi qu’en disent en ce moment Macron, les économistes, et tout ce que la société recèle de défenseurs du capitalisme, sont insuffisants.
L’augmentation du smic décidée par le gouvernement est juste égale à l’inflation, et ce salaire dit minimum ne permet de toute façon pas de vivre. La prime promise sous la pression du mouvement des gilets jaunes est au bon vouloir des patrons des entreprises.
Carrefour se vante d’avoir versé 200 euros de prime aux salariés, alors que les actionnaires de ce numéro 2 mondial de la grande distribution ont encaissé sans rien faire 350 millions d’euros. Mais de toute façon les primes ne résolvent rien. Pour être assuré de pouvoir payer son loyer, les études de ses enfants, de quoi se nourrir correctement toute l’année, il faut une augmentation de son salaire, qui de plus suive celle des prix.
« Je dis maintenant aux chefs d’entreprise […] : faites un effort sur les salaires, notamment les bas salaires », avait déclaré le 6 janvier dernier Murielle Pénicaud. Ni la ministre du Travail ni Macron ne veulent imposer quoi que ce soit aux capitalistes.
Cette déclaration fait partie d’une comédie bien réglée. Elle a d’ailleurs pris soin de préciser que cet effort ne pourrait être fait que « si les bonnes conditions économiques le permettent ». Cela laisse de la marge, car les capitalistes prétendent, toujours ne pas avoir les moyens d’augmenter les salaires, le secret des affaires leur permettant de mentir à loisir.
En ce moment, les records de profits affichés par les grandes entreprises s’étalent au grand jour. Total, Sanofi, BNP Paribas, Peugeot, comme les 40 principales entreprises cotées en Bourse, ont amassé 92 milliards d’euros de bénéfices. Les actionnaires ont touché 57,4 milliards d’euros de dividendes. Mais ils n’ont pas l’intention de lâcher quoi que ce soit, hormis quelques miettes.
« Une entreprise qui est bénéficiaire, c’est formidable, c’est très bien, expliquait un journaliste sur Cnews le 11 janvier. Mais, regrettait-il, la lecture qui sera faite par ceux qui ne comprennent pas ce principe du capitalisme, c’est que ces résultats n’ont pas permis de créer d’emplois suffisamment pérennes ni d’augmenter suffisamment les salaires. »
Les travailleurs, révoltés de voir les richesses s’accumuler à un pôle de la société alors qu’eux ont du mal à finir le mois, comprennent au contraire très bien ce principe du capitalisme.
C’est de leur exploitation que proviennent ces milliards de profits qui échappent entièrement à leur contrôle.