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Grande-Bretagne : un poison nommé Brexit
Le Parlement britannique a rejeté l’accord conclu entre le gouvernement de Theresa May et les représentants de l’Union européenne (UE), visant à encadrer les rapports entre la Grande-Bretagne et l’UE après le Brexit. Une nouvelle étape d’incertitudes politiques et économiques s’enclenche et elle est lourde de nouvelles menaces pour les travailleurs du pays.
En juin 2016, le Premier ministre conservateur David Cameron avait organisé le référendum sur le Brexit, espérant ainsi couper l’herbe sous le pied des souverainistes qui le concurrençaient sur sa droite. La victoire surprise du Brexit avait déjoué ses plans. Il avait démissionné et laissé la place à une autre dirigeante du Parti conservateur, Theresa May, qui a dû mettre en œuvre un Brexit pour lequel elle n’avait pas fait campagne.
Les rivalités entre politiciens sont une chose, et les intérêts capitalistes en sont une autre. Dans sa grande majorité, la classe capitaliste britannique ne souhaitait pas renoncer à l’accès au marché européen, et les capitalistes continentaux tenaient aussi à ce que la Grande-Bretagne continue à faire partie du marché européen. Les efforts de May ont donc consisté à négocier en façade une sortie de l’UE pour qu’en coulisse les échanges de marchandises et de capitaux puissent continuer comme auparavant. Pour donner le change à la démagogie pro-Brexit, elle a fait des déclarations tapageuses contre l’UE et pris des mesures contre les migrants et les ressortissants de l’Union européenne. Ainsi, son gouvernement a annoncé qu’il ne délivrerait des visas de longue durée, en cas de non-accord, qu’aux travailleurs européens capables de justifier d’un salaire annuel de 30 000 livres (33 000 euros actuellement). Aux petits soins pour les intérêts des capitalistes, et haro sur les travailleurs étrangers les plus pauvres : voilà ce qu’a été la ligne de conduite de May dans ces négociations.
La perspective du Brexit n’a pas fait sortir la Grande-Bretagne de la crise économique. Au contraire, elle l’a aggravée en faisant chuter la livre sterling. Nombre de politiciens de son parti se sont désolidarisés de Theresa May. Certains jouent la carte d’une démagogie encore plus réactionnaire, et d’autres celle du renoncement au Brexit. Quant au Parti travailliste, la base de ses adhérents est majoritairement contre le Brexit, mais son dirigeant, Jeremy Corbyn, lui, continue de s’en revendiquer.
Ainsi le gouvernement de Theresa May a bien du mal à obtenir devant son Parlement une majorité pour l’accord négocié avec l’UE, qui serait pourtant la solution la moins mauvaise du point de vue des capitalistes britanniques pour sauver leurs intérêts tout en semblant respecter la prétendue volonté du peuple. Il est possible qu’un délai supplémentaire soit accordé par l’UE pour relancer des négociations. Il est possible aussi que Theresa May doive démissionner, ce qui pourrait entraîner de nouvelles élections et peut-être une victoire des travaillistes, à moins qu’elle ne convoque un nouveau référendum sur la sortie de l’UE. La crise économique a ainsi débouché sur une crise politique qui paraît inextricable, car les politiciens bourgeois britanniques, pour tenter de conserver une audience électorale, ne savent que rivaliser en démagogie réactionnaire.
Le Brexit est un poison, car il divise les travailleurs entre pro et anti-Brexit, et il attise les préjugés nationalistes et ceux dirigés contre les travailleurs étrangers.
Les travailleurs n’ont rien à attendre de ce système politique et de ces politiciens qui, dans la crise ouverte par le Brexit, font l’étalage de leur irresponsabilité. Ils ne peuvent faire confiance qu’à leurs propres forces, à leur propre capacité à défendre leurs intérêts, sur le terrain de la lutte de classe.